LE FILS

Comédie des Champs-Élysées
15, avenue Montaigne
75008 Paris
01 53 23 99 19

Jusqu’au 30 décembre 2018
Du mercredi au samedi à 20h30
Le dimanche à 16h

Le Fils loupe 

On ne change pas une équipe qui gagne, dit-on.

Mais parfois, on n’a pas le choix.

Les représentations de la pièce de Florian Zeller, Le Fils dans laquelle Yvan Attal tenait le rôle principal –, prévues jusqu’au 14 juillet 2018, avaient été brutalement interrompues fin mai en raison de l’état de santé du comédien.

Depuis le 13 septembre, cette pièce, qui a déjà reçu un accueil unanime, est de nouveau à l’affiche de la Comédie des Champs-Elysées, et c’est Stéphane Freiss qui reprend le personnage joué par Yvan Attal.

Il n’est d’ailleurs pas le seul nouveau comédien à l’affiche du Fils puisque Anne Consigny laisse la place à Florence Darel et Jean-Philippe Puymartin (le médecin psychiatre) à Daniel San Pedro.

Face à ses nouveaux parents, Rod Paradot, Molière de la révélation masculine 2018 pour sa prestation dans cette pièce, est égal à lui-même, toujours aussi bouleversant dans la peau de cet adolescent rongé par le mal de vivre.

La seule chose qui a changé pour lui, c’est que, auréolé de sa distinction, il figure sur la nouvelle affiche, qui est, reconnaissons-le, plus cohérente que la première, où l’on voyait Yvan Attal serrer un nouveau-né contre lui.

Car ce n’est pas le bébé qu’il vient d’avoir avec sa nouvelle épouse, mais le fils de dix-sept ans issu de son premier mariage, qui est au centre de la pièce.

Finalement, face à cette nouvelle distribution, qui se révèle être à la hauteur de la précédente, le spectateur qui a vu la pièce avant tous ces changements ne se sent nullement désorienté.

Les « petits nouveaux » se sont coulés dans la peau de leurs personnages comme s’ils avaient dès le début fait partie de la distribution.

Dans son rôle de père impuissant face à la détresse de son fils, Stéphane Freiss est tout aussi attachant et convaincant qu’Yvan Attal.

Florence Darel est cette mater dolorosa trop « engluée dans cette douleur post-rupture », comme elle le dit si joliment sur le plateau de « On n’est pas couché », pour pouvoir gérer la souffrance de son fils.

Élodie Navarre continue avec sensibilité et justesse de jouer la nouvelle épouse qui accepte d’épauler son mari dans sa tentative de sauver son fils, même si, comme elle ne s’en cache pas, elle n’avait pas imaginé que leur vie prendrait cette tournure.

Tous les protagonistes concourent à faire naître cette émotion insoutenable qui fait de cette pièce une pièce forte, bouleversante, « une pièce qu’on prend dans la figure », pour reprendre les mots de Laurent Ruquier.

Une pièce mélodramatique qui, grâce à la qualité du texte, la pertinence des dialogues, le naturel du jeu des acteurs et la sobriété de la mise en scène, ne tombe jamais dans le pathos.

Nul doute que Le Fils, dernier volet d’une trilogie qui comprend La Mère et Le Père, et qui, entre parenthèses méritait plus qu’une seule récompense aux Molières, connaîtra, avec cette nouvelle distribution, le succès remporté avec la précédente.

Elishéva Zonabend

 

Le Fils

De : Florian Zeller
Mise en scène : Ladislas Chollat

Avec : Stéphane Freiss, Florence Darel, Raphaël Magnabosco, Élodie Navarre, Rod Paradot, Daniel San Pedro

Décors : Edouard Laug
Lumières : Alban Sauve
Costumes : Jean-Daniel Vuillermoz
Son : Mathieu Boutel
Assistants mise en scène : Grégory Vouland et Lou Monnet

 

Mis en ligne le 18 septembre 2018