LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNÉ

Studio Hébertot
78 bis Boulevard des Batignolles
75017 Paris
01 42 93 13 04

Jusqu’au 3 novembre 2017
Du mardi au samedi à 19h00
Le dimanche à 17h00

Durée : 1h15

 

Le Dernier Jour d’un condamné loupePhoto Chantal Depagne/Palazon 

Teint blafard, yeux rougis, paupières cernées de noir et crinière blonde d’ange déchu, un homme tourne dans sa geôle comme tournent dans sa tête, tel un leitmotiv lancinant, ces trois mots qui scellent désormais son destin : « Condamné à mort ».

Après plusieurs semaines de détention, il vient d’apprendre qu’il a été condamné à la peine capitale.

Condamné à mort !

Anéanti, il ne peut rien faire d’autre que de répéter de façon obsessionnelle la sentence irrévocable.

Condamné à mort.

Peu à peu cependant germe dans son esprit l’idée d’écrire son journal et d’y relater ses derniers instants, depuis le début de son procès jusqu’au moment de son exécution, de la prison de Bicêtre à celle de la Conciergerie, considérée comme l’antichambre de la mort, puis son départ en charrette vers la place de Grève où se dresse l’échafaud.

William Mesguich donne corps et voix à ce long monologue intérieur entrecoupé de réflexions angoissées et de souvenirs.

Avec une sensibilité et une énergie à fleur de peau, il exprime les affres de celui dont l’exécution est imminente, où se mêlent peur, colère, amertume, révolte, et, parfois, quelques lueurs d’espoir.

Il est véritablement cet homme au physique tourmenté qui vit ses dernières heures.

Le comédien s’est-il astreint à des nuits sans sommeil pour offrir ainsi un visage ravagé ?

La mise en scène percutante de François Bourcier, la scénographie épurée – une cellule blanche comme un linceul, aveuglée, par intermittences, d’un éclairage cru et bleu –, l’accompagnement musical, où le même mouvement revient fréquemment et régulièrement, comme une antienne qui rappellerait inlassablement au condamné que le temps lui est compté, les bruits sonores – pluie, grincement de portes et de chaînes –, contribuent à rendre tangibles les souffrances de ce dernier.

Un condamné dont on ne sait pas grand-chose hormis qu’il est instruit, qu’il a une mère, une femme, une petite fille de trois ans et du sang sur les mains.

Victor Hugo, l’auteur du roman à thèse adapté pour la scène par David Lesné, l’a délibérément voulu anonyme.

En effet, dans ce réquisitoire pour l’abolition de la peine de mort, le « héros » doit être un homme ordinaire, susceptible de personnifier tous les condamnés à mort, quels que soient leur histoire, leur position sociale, leur origine, leur crime.

Victor Hugo l’exprime clairement dans sa préface de 1832 lorsqu’il écrit que « Le Dernier Jour d’un Condamné n’est autre chose qu’un plaidoyer pour l’abolition de la peine de mort et que ce qu’il a eu dessein de faire, ce qu’il voudrait que la postérité vît dans son œuvre, ce n’est pas la défense spéciale, et toujours facile, et toujours transitoire, de tel ou tel criminel choisi, de tel ou tel accusé d’élection ; c’est la plaidoirie générale et permanente pour tous les accusés présents et à venir. »

Comme le rappelle une inscription qui s’affiche sur l’écran en fond de scène à la fin de la représentation, la peine de mort a été supprimée en 1981 par Robert Badinter, cent cinquante-deux ans après la première parution du roman de Victor Hugo.

Elishéva Zonabend

 

Le Dernier Jour d’un condamné

D’après Victor Hugo
Adaptation : David Lesné
Mise en scène : François Bourcier

Avec : William Mesguich

 

Mis en ligne le 6 septembre 2017