LE CID

vu au Théâtre Michel en février 2016

Théâtre du Ranelagh
5 rue des Vignes
75016 PARIS
01 42 88 64 44

à partir du 14 septembre 2016
du mercredi au samedi à 20h45,
les samedis 17, 24 septembre et 1er octobre à 16h30,
puis à partir du 8 octobre à 15h00 + dimanche à 17h00


Le Cid loupe Photo © Geoffrey Callènesby G&M Production

Le Cid est certainement la pièce que tout le monde a un jour ou l’autre eu l’occasion de citer, peut-être sans le savoir, tant cette œuvre est un florilège de phrases célèbres, pour n’en donner ici que quelques unes :

« Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées la valeur n'attend point le nombre des années. 
Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie ! N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ? 
Et le combat cessa faute de combattants.
À vaincre sans péril on triomphe sans gloire
Va, cours, vole, et nous venge
Nous partîmes cinq cents, mais par un prompt renfort,
Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port 
Sans oublier le superbe oxymore : « Cette obscure clarté qui tombe des étoiles. »

Voilà donc une pièce du répertoire parmi les plus connues, marquée pour les gens de ma génération de l’empreinte de Gérard Philippe.

Je me demandais donc comment ce trublion de Jean-Philippe Daguerre allait l’aborder, comment il allait rendre plus actuelle cette histoire si démodée de notre époque (quoiqu’on puisse se faire tuer maintenant hélas pour un regard de travers !), bref comment il allait selon son habitude dépoussiérer cette œuvre des plus classiques avec grands sentiments et superbes alexandrins.

C’est avec son dynamisme, son inventivité, son sens du spectacle d’une grande rigueur sous la fantaisie, qu’en compagnie de son incroyable et talentueuse troupe du Grenier de Babouchka dont je ne manque aucun spectacle, il a réussi à faire sortir des pages poussiéreuses des manuels les personnages créés par Corneille.

Le Cid est une tragi-comédie, en ce sens qu’elle connaît un dénouement heureux.

Jean-Philippe Daguerre y ajoute des moments musicaux qui soutiennent l’action, avec aux violon, alto et cajon Petr Ruzicka et aux guitare, accordéon, harmonica et cajon Antonio Matias.

 Mais il a surtout le culot immense d’y introduire sans changer une ligne du texte quelques séquences de pur comique, qui vont soit enchanter le public soit le scandaliser !

Il livre pour ce faire une vision de Don Fernand, le roi de Castille pour le moins iconoclaste, un souverain qui déchaîne les rires à chaque apparition, incarné qu’il est par un incroyable Alexandre Bonstein qu’on a plus l’habitude de voir dans des comédies musicales. Un souverain véritable marionnette, façon astucieuse de se moquer du pouvoir sans rien enlever aux ressorts dramatiques de l’action. Le personnage est joué en alternance par Didier Lafaye, je suppose qu’il doit être très différent.

L’autre personnage traité façon comédie est celui d’Elvire, la gouvernante de Chimène, où on retrouve Sophie Raynaud, la Cathos des Précieuses ridicules aux côtés de Magdelon, Charlotte Matzneff, ici infante mais qui est également la Roxane du Cyrano qui se joue également en ce moment au Ranelagh.

Car c’est une véritable famille que l’on retrouve avec plaisir d’une création à l’autre, Stéphane Dauch, en Don Gomès et également formidable Cyrano, ou encore Kamel Isker qui passe avec talent d’un époustouflant Scapin à un bouleversant Rodrigue. Ce rôle est aussi joué en alternance par Thibault Pinson.

Une troupe qui sait tout faire y compris dans les combats à l’épée réglés au cordeau par Christophe Mie et superbement exécutés.

Les costumes signés Virginie Houdinière sont de toute beauté et font oublier l’absence de décors tant ils suffisent à situer époque et personnages.

Les nombreux scolaires présents dans la salle ont apparemment apprécié cette version un peu déroutante et qui donnera certainement matière à des discussions animées plus tard en classe.

Une belle façon de redonner vie à des personnages qui prennent soudain chair devant nous, nous procurant de beaux moments d’émotion, et à des textes qui pour être d’une grande beauté n’en sont pas moins habituellement d’un accès difficile mais parfaitement audibles grâce à une interprétation qui réussit à les rendre naturels tout en respectant la musique des alexandrins. 

 Nicole Bourbon

 

 

Le Cid

Tragi-comédie de Pierre Corneille
Mise en scène de Jean-Philippe Daguerre assisté de Nicolas Leguyader

Avec :
Don Fernand : Alexandre Bonstein ou Didier Lafaye
Don Gomès :Stéphane Dauch
Don Sanche : Johann Dionnet
Chimène : Manon Gilbert
Don Rodrigue : Kamel Isker ou Thibault Pinson
L'infante : Charlotte Matzneff
Don Arias : Christophe Mie
Elvire : Sophie Raynaud
Don Diègue : Yves Roux
Léonor : Mona Thanaël

Violon alto, cajon Petr Ruzicka
Guitare, accordéon, harmonica, cajon Antonio Matias

Combats Christophe Mie
Costumes Virginie Houdinière
Décors Frank Viscardi

 

Mis en ligne le 9 février 2016
mis à jour le 10 septembre 2016