LAPIDÉE

Ciné 13 Théâtre
1 avenue Junot
75018 - Paris
01 42 54 15 12

du 14 au 16 janvier
Au festival d’Avignon en juillet 2015 – salle à confirmer.

 

Lapidée loupePhoto : f2gravelaine

 

Lapidée raconte l’histoire d’une doctoresse hollandaise, Aneke, qui, dès la fin de ses études, a épousé Abdul, un condisciple venu du Yemen, pour faire ses études de médecine en Europe. Quelques années plus tard, ils vivent tous les deux au Yemen, dans le village du mari, avec leurs deux enfants. C’est le choc des cultures, des civilisations, des croyances qui va amener ce couple au paroxysme de la violence du temps de l’action de la pièce.

Tout se déroule dans une cave verrouillée et surveillée par un gardien où Abdul enferme sa femme, Aneke, sans explication. Elle vient juste de revenir d’un séjour en Hollande avec ses filles. A son retour, elle découvre qu’Abdul a pris depuis bien longtemps une deuxième femme comme la loi coranique le lui autorise. Une femme de son pays, soumises aux coutumes, et approuvée par sa famille et toute sa communauté. Là est le fer de lance qui a forcé Abdul à agir : le regard de la communauté sur lui, et sa place dans cette communauté.

Dans cette pièce, le personnage d’Abdul est présenté comme un pion, un élément sans grand pouvoir de décision sinon de se soumettre aux lois de son pays, de son village, et plus précisément de l’imam et de ses conseillers. On apprend pourtant, cours de l’histoire, qu’il a fomenté un piège pour se débarrasser de cette épouse occidentale encombrante qu’il accuse d’adultère. Durant son voyage en Hollande, il a fait prendre des photos de sa femme à la piscine, en compagnie d’autres hommes, et il présente ces photos à l’autorité locale. Et ces photos en maillot de bain suffisent à faire condamner Aneke à mort pour adultère.

Ce que révèle ce spectacle, c’est la force, la puissance, la tyrannie que peut avoir un groupe social (un village) sur un individu dans les civilisations pour qui l’apparence est plus importante que la vérité. Ces sociétés pour qui l’individu, et surtout les femmes, ont presque aussi peu de droits que des esclaves.

Jean Chollet-Naguel nous présente avec ce travail un réquisitoire implacable contre l’injustice faite aux femmes des pays comme le Yémen, qui fondent leurs justices sur des textes sacrés datant de quinze siècles, plutôt que sur le droit légitime pour tout être humain de se défendre d’une accusation inique.

L’histoire est très forte, présentée dans ce huis clos souterrain. Elle est rythmée par les visites de la sœur d’Abdul, Nouria, qui apporte un autre point de vu féminin sur le drame. Nouria, même si elle comprend l’ignoble injustice que subit Aneke, n’a pas d’autre choix pour survivre que de se plier aux lois des hommes de son pays. Pourtant, elle deviendra complice des tentatives de libération de la doctoresse, sans parvenir à la sauver.

La mise en scène est très cinématographique avec de nombreuses bandes sons, des fondus au noir, des scènes qui s’attachent plus à l’action, aux événements qu’aux conséquences mentales de ces violences. Dans cet univers, les comédiens jouent dans un registre réaliste. Il est par moments difficile de croire en la réalité de certaines scènes. Le spectacle demanderait une profondeur un peu plus fouillée pour réellement prendre les spectateurs aux tripes.

Bruno Fougniès

 

Lapidée

Texte et mise en scène de Jean Chollet-Naguel

Avec Nathalie Pfeiffer, Pauline Klaus, Karime Bouziane

 

Mis en ligne le 17 janvier 2015

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