LA VÉNUS À LA FOURRURE

Théâtre Tristan Bernard
64 rue du rocher
75008 Paris 
01 45 22 08 40

Jusqu'au 20 décembre
Du mardi au samedi à 19h00 ou 21h00

 

Photo Fabienne Rappeneau

Ce fut d'abord en 1870 un livre de Sacher-Masoch, oui, celui d'où vient le mot masochisme.

Puis une pièce de David Ives qui inspira en 2013, le film de Polanski.

Revoici la version théâtrale sur scène, dans une adaptation d'Anne-Élisabeth Blateau qui n'exclut pas quelques notes d'humour bienvenues, superbement portée par deux comédiens magnifiques, Nicolas Briançon et Marie Gillain, et une mise en scène brillante de Jérémie Lippmann toute en vivacité, audace, élégance et sensualité, sans oublier une bande son bien travaillée avec nombreux bruitages et des musiques de Souchon/Voulzy,( pas Alain et Laurent mais Charles et Julien).

Photo Fabienne Rappeneau

Marie Gillain qu'on n'avait pas vue sur scène depuis 2002, campe une Vanda/Wanda manipulatrice à souhait, lumineuse et sexy en diable, navigant avec une aisance stupéfiante dans les eaux troubles de ce personnage complexe, à la fois et tour à tour comédienne paumée, inculte, d'une vulgarité assumée puis actrice virtuose, maîtresse raffinée, et enfin divinité vengeresse , portant aussi bien guêpière et porte-jarretelles qu'une belle et longue robe blanche, pour finir nue, à des lieues de l'image de petite fille sage qu'on lui connaît habituellement.

Nicolas Briançon, ce boulimique doué, metteur en scène de trois œuvres la saison dernière, acteur de grand et petit écran, retrouve les planches avec bonheur pour ce rôle à facettes qui doit être un véritable plaisir pour un comédien. Dans un jeu tout en nuances, il passe de l' insupportable autoritarisme du début, d'une supériorité écrasante, à l'homme humilié, écrasé, ridiculisé, pris au piège d'une relation qu'il ne maîtrise plus, d'un fatal engrenage.

Tous deux nous entraînent dans ce duel jubilatoire et dérangeant, ce huis-clos pervers, érotique et machiavélique, plus intellectuel que sexuel, où se mêlent fiction et réalité, relations dominé-dominant, metteur en scène-comédienne et fasciné étourdi, étonné, déboussolé, on se laisse prendre avec délectation à ce jeu de manipulations portées à l'extrême, tout aussi jouissif qu'efficace qui est en même temps une intéressante et intelligente réflexion sur le jeu de l'acteur, une expertise aiguë de l'art théâtral.

Un grand moment de théâtre.

Nicole Bourbon

 

 

La Vénus à la fourrure

Une pièce de David Ives
Mise en scène : Jérémie Lippmann assisté de Aurélie Bouix
Adaptation : Anne-Élisabeth Blateau

Avec : Marie Gillain et Nicolas Briançon

Décors : Jacques Gabel assisté de Jeanne Frenkel
Costumes : Colombe Lauriot-Prevost
Lumières : Joël Hourbeigt
Musique Originale : Charles Souchon & Nicolas Voulzy

 

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Mis en ligne le 28 octobre 2014

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