LA NUIT DES ROIS

Théâtre de la Tempête
Cartoucherie
Route du Champ-de-Manoeuvre
75012 Paris
Tél : 01 43 28 36 36

Jusqu’au 14 février
du mardi au samedi 20h00
dimanche 16h00

 

La Nuit des Rois loupe Crédit photos Nolwenn Brod

La nuit des rois est une sorte de fête des fous qui se déroule pendant quelques jours, douze nuits après la Noël. C’est peut-être la raison pour laquelle Clément Poirée situe toute l’histoire dans un dortoir qui ressemble, au gré des chapitres, à celui d’un asile psychiatrique du début du siècle dernier, ou à celui d’un monastère ou d’un hôpital ou d’un collège.

Nous sommes d’emblée hors de la réalité : domaine du conte, du rêve, de la nuit et du gratuit.

L’histoire est une comédie des erreurs. Travestissements, ivresses des sens, illusions et farces organisées au dépend des fâcheux sont les ressorts de cette fantaisie. Une fête donc où les transgressions sont permises et l’ordre bouleversé par le règne de la folie.

Au centre du propos de Shakespeare, le désir. 

Au cœur de l’hiver, dans cette Illyrie fantasmée, en cette saison aux nuits si longues, et à l’ennui encore plus pesant au XVIème siècle qu’à notre époque, trois seules choses peuvent réchauffer les âmes : le vin, la musique et l’amour.

La vertu aussi.

Tous les personnages de cette pièce vont être comme par un maléfice, emportés par la passion. Ils sont dans l’excès et c’est ainsi que les comédiens ont créé leurs personnages. Tics, extravagances, maquillages clownesques, gestuelles parfois caricaturales.

À se demander si tous ces personnages existent vraiment où s’ils sont des figures du musée Grévin soudain animés par la magie de la nuit.

L’univers déployé ici par le metteur en scène s’inspire du 7ème art du début du XXème siècle. Les scènes sont construites comme des courts-métrages, certaines dignes des Marx Brothers, d’autres de Laurel et Hardy. Pourtant, on ne reste jamais dans une époque donnée. Il s’agit plus d’un collage d’influences mises bout à bout. Un puzzle. Et on entend par moment des déclamations semblables à celles, risibles, du conservatoire ou du français des années soixante-dix. Alors on rit beaucoup sans être jamais vraiment remué par ce qui se passe sur scène.

Le propos amoral et provocateur de Shakespeare, qui s’amuse à faire brûler d’amour femme pour femme déguisée en homme, et homme pour homme aux traits si féminins, bien que mis en avant par Clément Poirée paraît juste un jeu d’esprit et ne provoque pas de scandale. Le jeu se cache derrière les mots, sage et propre, avec un côté désuet qui flotte sur tout le spectacle.

Mais la fougue, le plaisir de jouer, et l’extravagance libérée des comédiennes et des comédiens dans ces interprétations totalement burlesques tiennent l’attention du public en éveil par le rire, ou le sourire. Des performances d’acteurs qui recueillent le vivats d’un public finalement conquis.

Bruno Fougniès

 

La Nuit des Rois

De William Shakespeare
Adaptation Jude Lucas
Mise en scène Clément Poirée
Scénographie Erwan Creff
Lumières Kévin Briard
Musique Stéphanie Gibert
Costumes Hanna Sjödin sssistée de Camille Lamy
Maquillage et coiffure Pauline Bry
Collaboration artistique Sacha Todorov
Régie générale Farid Laroussi
Habillage Émilie Lechevalier

Avec : Moustafa Benaïbout , Camille Bernon, Bruno Blairet Feste, Julien Campani, Eddie Chignara, Matthieu Marie, Laurent Menoret, Morgane Nairaud, Claire Sermonne Olivia

 

Mis en ligne le 18 janvier 2016