LA MEIILEURE PART DES HOMMES

Cartoucherie-théâtre de la Tempête
Route du Champ de Manœuvre
75012 PARIS
01 43 28 36 36
Du mardi au samedi à 20 h, le dimanche à 16 h, du 9 mars au 7 avril

De ce spectacle d’un auteur trentenaire, il faut retenir tout d’abord un beau travail de comédiens. Ils sont tous dans un jeu à la fois réaliste et stylisé. Efficace.

En ce qui concerne l’histoire, c’est à une vaste fresque que nous convient Tristan Garcia, auteur du roman et Pauline Bureau, co-adaptatrice et metteuse en scène : elle commence avec l’apparition du sida en 1981 et met en scène quatre personnage, trois hommes et une femme. Les hommes vont, d’une manière ou une autre être confrontés à la même femme, que ce soit en temps qu’ami ou amant.

Quand Will (venant d’Amiens) arrive à Paris, la terrible maladie commence à se répandre. Doumé, lui, passe le test qui s’avère positif. Avec quelques amis, ils décident de créer une association qu’ils baptiseront Stand up, puis Stand (pas de commentaire sur le choix de ce nom !). La jeune femme s’éprendra d’un intellectuel parisien pour des amours compliquées mais promises à durer. Will aura une relation de cinq ans avec Doumé qui ne le laissera pas indemne puisqu’il sera à son tour contaminé. Confidences entre les personnages, brouilles, scènes torrides alternent, avec, en fond, vingt-cinq ans de politique, de luttes, de progrès de la médecine également. On aura reconnu en passant des personnages, on aura ri d’un clone d’Ardisson, assisté aux métamorphoses de Will, de plus en plus provoc’.

On aura croisé des gays, activistes ou non et navigué dans le milieu de la presse, de l’université et des lobbies. Plus que cet étalage de « branchitude » c’est bien sûr la détresse des personnages qui nous aura touchés : le renoncement des uns, la vie gâchée des autres, l’espoir fou que peut susciter la trithérapie, mais aussi ce véritable suicide chez certains, prêts, par révolte, à faire l’amour sans aucune protection caoutchoutée.

Pauline Bureau possède l’art de filer son histoire. D’alterner moments de crises ou de calme. Ses tableaux qui se succèdent à un rythme soutenu pendant deux heures ont la netteté d’une pointe forte. Rien de superflu : un lit, un bureau, deux tabourets et le décor est créé. C’est la relation entre les personnages et, …la parole, bien sûr, qui est mise en avant. On peut déplorer que, parfois, les situations soient plus « fortes » que le texte et que celui-ci aligne des banalités. Quelques coups de ciseaux  auraient été les bienvenus. Mettons que ces « creux » fassent partie de la vie, comme les projections d’actus sur le fond de scène et les chansons qu’on fredonne. Ou encore ce soudain et violent amour de Will pour un employé de l’ANPE qui n’en demandait pas tant. Scènes comiques d’une efficacité garantie.

Le reste, la fin, les personnages qui meurent (pour certains) sont traités sans pathos inutile. On a simplement l’impression d’avoir fait avec eux un voyage, un long voyage agité (comme la vie) et on les quitte comme de vieux amis. Ce spectacle qui s’était ouvert sur « Like a virgin » se clôt avec « Si j’étais un homme ! »

Il y a là-dedans une logique.

 

Gérard NOEL

 

 

La meilleure part des hommes

d'après le roman de Tristan Garcia
adaptation et mise en scène Pauline Bureau
Avec  Yann Burlot, Nicolas Chupin, Régis Laroche, Marie Nicolle