Le chevalier de Ripafratta (Damien Coden, assez terne), célibataire endurci et ridicule misogyne, croit que les femmes dont il ignore tout ne sont que des écervelées dépensières. Il n’en faut pas plus pour que la belle, indépendante et fière Mirandoline (Karine Tabet, qui profite de ses talents d’italianophone au cours de quelques répliques prononcées dans la langue originale) se mette au défi de séduire l’arrogant en ayant recours à tous les moyens dont elle dispose, usant de ses charmes, de ses talents de cuisinière, mais aussi et surtout de la flatterie et de la ruse…

Une telle intrigue date-t-elle d’une époque aujourd’hui révolue, et cette comédie de mœurs a-t-elle encore une portée alors que les mœurs ont apparemment changé ? Dans un théâtre récent et moderne mais avec des costumes d’époque, et en s’appuyant sur une adaptation du texte de Goldoni qu’il a lui-même signé, la mise en scène de Vincent Caire semble jouer habilement de ces ambiguïtés. Mais elle ne fait pas dans la sobriété avec les personnages outrancièrement burlesques de Hortense et Déjanire, les bégaiements du valet Tonino, et surtout les commentaires ponctuant chaque ouverture de porte qui soulignent lourdement ce qu’on avait déjà compris. Ces artifices plus pénibles qu’utiles ne permettent pas de faire voir une pièce qui doit certes être enjouée mais aussi un peu plus subtile qu’il n’y paraît ici.

Frédéric Manzini

 

La Locandiera

de Carlo Goldoni
Adaptation et mise en scène : Vincent Caire 
Costumes : Corinne Rossi
Décor : Kakèko

Avec : Franck Cadoux, Damien Coden, Gaël Colin, Mahaut D’Arthuys, Cédric Miele, Karine Tabet et Alexandre Tourneur.