L’ADVERSAIRE

Théâtre Paris Villette
211, av. Jean-Jaurès
75019 Paris
01 40 03 72 23

Jusqu’au 26 mars
Du mardi au jeudi à 20h00
vendredi et samedi à 19h00
dimanche à 16h00

Puis du 29 mars au 8 avril
Théâtre des Quartiers d’Ivry (Ivry-sur-seine, 92)

 

L’Adversaire loupe Crédit Photo LPO

C’est une histoire vraie, une histoire épouvantable qui exerce une fascination trouble et troublante tant elle est incompréhensible pour le commun des mortels.

L’histoire d’un homme qui après une vie de mensonges et sur le point d’être découvert ne trouve d’autre solution que d’assassiner toute sa famille.

L’histoire de Jean Claude Romand, faux médecin, qui défraya la chronique en 1993 au moment des meurtres et en 1996 lors du procès qui mobilisa toute la sphère médiatique. Et qui depuis fut le sujet de livres, de films et de pièces de théâtre.

Aujourd’hui c’est le livre d’Emmanuel Carrère, L’adversaire, que met en scène Fréderic Cherboeuf dans une adaptation qu’il a réalisée avec Vincent Berger. Ce dernier interprète également l’écrivain, qui parfois devient Romand soulignant ainsi la confusion dans laquelle semble avoir baigné l’auteur tout au long de ce difficile accouchement.

Plus que l’histoire du drame en lui-même, c’est en effet sa démarche qui est ici présentée avec ce qu’elle peut avoir de trouble, d’attirance pour l’inexplicable, de honte aussi parfois.

La mise en scène de Fréderic Cherboeuf et la scénographie intelligente signée Jean-Claude Caillard mettent tous ces éléments en évidence le long de presque deux heures captivantes et éprouvantes.

Les comédiens campent avec réalisme les différents protagonistes, l’ami de toujours, la maîtresse, des journalistes et Maryse Ravera, incroyable visiteuse de prison, qui fait frémir lorsqu’on pense que le seul recours de cet homme se borne à des êtres disons le, un peu illuminés. Ajoutons la prestation de Camille Blouet qui scande certains passages au piano, soulignant la force de certains mots de placages d’accords sonores ou coulant parfois plus harmonieusement.

Vincent Berger est exceptionnel dans ce double rôle qu’il maîtrise savamment, passant de l’auteur célèbre et respecté en proie aux doutes, au meurtrier, qu’il campe d’un changement d’attitude, de voix, d’expression, chaussant maladroitement une paire de lunettes.

Deux êtres dissemblables mais en proie semble-t-il à un même vertige, celui que donne le sentiment d’inéluctable, d’une puissance inconnue qui guiderait nos actes et leurs conséquences. L’adversaire.

Jean-Claude Romand a été condamné à la perpétuité assortie d’une peine de sûreté de 22 ans. Depuis 2015, il est libérable. Le demandera-t-il ? Ou préfèrera-t-il garder l’abri de la prison, où il est semble-t-il apprécié et où on l’appelle Docteur ? Les murs d’une cellule, peut-être sa seule protection contre l’Adversaire qui n’a sans doute pas dit son dernier mot.

Nicole Bourbon

 

L’Adversaire loupe 

L’adversaire

D’après L’Adversaire d’Emmanuel Carrère 
Adaptation Vincent Berger et Fréderic Cherboeuf  
Mise en scène Frédéric Cherboeuf 

Avec Vincent Berger, Fréderic Cherboeuf, Jean De Pange, Gretel Delattre, Alexandrine Serre, Maryse Ravera, Camille Blouet 

Scénographie, Lumières Jean-Claude Caillard 
Costumes Nathalie Saulnier

 

L’Adversaire loupe 

Mis en ligne le 17 mars 2016