L’INATTENDU

Théâtre 12
6 avenue Maurice Ravel
75012 PARIS.
01 44 75 60 31

Jusqu’au 14 décembre 2014,
du mardi au samedi à 20h30.
Le dimanche à 15h30.

 

L’inattendu loupe

 

 

Au début de ce spectacle, on ne peut que s’interroger sur la façon dont Melquiot a écrit la pièce : il a dû penser à une situation de départ, une jeune femme, vivant au bord d’un bayou, qui attend le retour de son chéri (« mon tigre, mon petit chou », comme elle l’appelle). Ajoutez à cela des flacons mystérieux, l’évocation d’un hamac plus du linge qu’elle triture et empile et des souvenirs en pagaille sur « l’avant », la période où il était encore là. Vous obtenez un va-et-vient plus ou moins inspiré, avec des éclats du personnage (« Va te faire foutre » comme leit-motiv) alternant avec des périodes d’abattements ou d’attendrissement. Il y a bien sûr des trouvailles : « Ta chanson, comme un fœtus qu’on n’a jamais pu jeter ! » ou bien « Veuve, moi ? Je ne porterai jamais un nom d’araignée. » Ou encore : « J’avais vingt ans, mon monde, c’était toi ! ».

Malgré le talent de l’interprète… il y a des longueurs. Cela est peut-être lié aux différentes versions de la pièce, parmi lesquelles il a fallu faire un choix, choix qui a été ensuite validé par l’auteur ! Heureusement, la pièce ménage quelques surprises (que nous ne révèlerons pas) et après quelques longues années d’attente, Liane (la femme) reçoit la visite d’un autre homme. Et ce qui s’ensuit. Puis elle part…

On nous objectera qu’il fallait peut-être tout ce début un peu « beckettien » pour justifier ensuite que les événements s’accélèrent. Toujours est-il que la forte présence de Lucilla Sebastiani captive. Elle est une femme simple dans une robe un peu kitsch. Elle attend. Elle espère. Et, sans trop en faire, ni dans le sens de la colère ni dans celui du désespoir, elle fait naître en nous, peu à peu, une vraie empathie avec son personnage. Elle est aidée en cela par la mise en scène de Arnaud Beunaiche. Décor succinct mais qui fonctionne. Côté éclairages, des variations qui, parfois, ne s’imposent pas, comme celles qui visent à isoler le personnage à l’avant-scène.

Cela dit, pour les fans de Fabrice Malquiot ou ceux qui ne le connaîtraient pas, encore, il est important de faire un détour par le théâtre 12 pour voir « L’inattendu ».

Gérard Noël

 

L’inattendu

Texte de Fabrice Melquiot.
Mise en scène et scénographie : Arnaud Beunaiche.

Avec : Lucilla Sebastiani.
Voix off : Erwan Orain.

Décor et costumes : Lucilla Sebastiani.
Souffleur de verre : Stéphane Rivoal.
Lumières : Yannick Dap.

 

Mis en ligne le 5 décembre 2014

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