L’EFFRAYANTE FORET JUSTE DEVANT NOUS

Vu au Théâtre Berthelot, 93 MONTREUIL.

Le 11 décembre au Théâtre de THOUARS.
Le 16 janv 2015 au théâtre André Malraux de CHEVILLY-LARUE
les 27 et 28 mars 2015 aux Scènes Rurales de VARENNES-SUR-SEINE.

 

L’effrayante forêt juste devant nous

 

Chronique de Gérard Noël

On a déjà adapté et modernisé Barbe-Bleue ou Blanche-Neige. Cendre Chassanne, elle, avec la complicité de Jérémie Fabre, s’en est prise au Petit Poucet. Voici donc une version revisitée du célèbre conte. Dès le début, on est fixé : décor succinct, un Poucet en survêtement informe et écouteurs aux oreilles, une mère banale, un père bûcheron à la barbe inquiétante et une grand-mère au joli bonnet de laine écrue. Cette grand-mère est jouée par un comédien, mais la surprise vient d’ailleurs : une aide médicale, sous les traits affables d’une comédienne, nous entraine dans une chanson folk-rock où les riffs s’accompagnent de « fucking ! » du plus bel effet. La mise en place tarde à se faire : même si la mère se désole en se demandant où sont ses enfants, des propos (partiaux ?) sur le « mal » de manger de la viande ou sur « l’identité sexuelle » voire le monologue de la mère qui s’assimile elle-même à une vache, tout ceci plombe quelque peu la pièce. On voit l’intention, mais un peu plus de subtilité n’aurait pas nui.

Et puis une chanson suit l’autre, et des trouvailles accrochent : la grand-mère, décembreidément bien déjantée,  des confidences touchantes sur les rapports mère-fille et l’apparition d’un frère de Poucet (ou plutôt Poucette), devenu ministre. A partir de là, nous sommes en confiance et tout passe. En tant que tel, d’abord et dans la référence au mythe, toujours présent bien sûr, qui nourrit les péripéties et fait jubiler au fur et à mesure que le spectacle avance.

Que dire de plus, sinon que la musique de Roudoudou est dans la note et que les comédiens, comme souvent, transcendent (et même plus) cette pièce à propos de laquelle on pourrait évoquer le nom de Copi ou plus près de nous de Pierre Notte. Mise en scène sobre mais qui tourne rond. Agnès Fabre a une présence subtile et son Poucet ne s’oublie pas. Même chose pour Jean-Baptiste Gillet qui passe joyeusement du personnage du bûcheron à celui d’un ogre de plus en plus « civilisé ». Isabelle Fournier est une mère convaincante, quant à Carole Guittat et Thomas Gaubiac, aux natures très différentes, ils complètent cette distribution hétéroclite qui est un autre charme de la pièce. Si elle passe près de chez vous, en tournée, n’hésitez pas à faire le déplacement.

 

 

Chronique de Fabienne Schouler

C’est étrange cela fait deux spectacles sur le thème du petit poucet que je vois en un mois …

Période de crise oblige ?

Mais peu importe j’ai adoré cette version, cruelle, décalée, fable moderne qui nous parle de la famille ancestrale, avec Papa, Maman et  les gosses, Poucet  bien sûr et son frère, le Ministre de la Culture. 

Fable contemporaine où chacun se perd, se cherche  et comme dans  toutes les fables finit par se  trouver. C’est une pièce qui nous parle de notre siècle éclaté où les repères se disloquent et se transforment,  qui aborde sans frémir toutes les questions modernes sur notre identité, sur la mort, la sexualité, la famille et le genre.

La mise en scène de Cendre Chassanne  est superbe ainsi que  la scénographie et les lumières de Pierre-Yves Boutrand, Cendre Chassanne, Violaine Decazenove.

Les acteurs  Agnès Fabre, Isabelle Fournier, Thomas Gaubiac, Jean-Baptiste Gillet, Carole Guittat qui savent chanter, danser, jouer sont excellents, drôles, dramatiques.

On rit souvent, on grimace parfois mais on en sort ravi !

 

 

L’effrayante forêt juste devant nous

Texte : Cendre Chassanne et Jérémie Fabre.
 Adaptation et mise en scène : Cendre Chassanne.
Musique : Roudoudou.

Avec : Agnès Fabre, Isabelle Fournier, Thomas Gaubiac, Jean-Baptiste Gillet, Carole Guittat.  Scénographie : Pierre-Yves Boutrand, Cendre Chassanne, Violaine Decazenove.

Costumes : Violaine Decazenove, Cendre Chassanne.
Lumières : Pierre-Yves Boutrand, Sébastien Choriol.
Régie générale et lumière : Sébastien Choriol.
Régie son : Edouard Alanio.

 

Mis en ligne le 29 novembre 2014

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