KING KONG THÉORIE

Théâtre de la Pépinière
7 rue Louis Le Grand
75002 PARIS
01 42 97 52 63

Jusqu'au 29 novembre
Du mardi au samedi à 19h00

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Mis en ligne le 9 octobre 2014


Photo François Berthier

Sur la scène divisée en trois espaces, deux armoires métalliques en face à face décalé d'où sortiront costumes et accessoires.

En éclairage sobre, central, deux néons rouges.

Et trois comédiennes magnifiques, trois femmes, qui vont nous parler de la condition féminine, sans tabous, en évoquant viol, prostitution, pornographie. Avec les mots de Virginie Despentes. Des mots crus, violents, grossiers, qui appellent les choses par leur nom. Des mots envoyés comme des tirs de roquette et que l'on reçoit de plein fouet, qui épouvantent, révoltent, choquent, mettent mal à l'aise, qui font mesurer le chemin parcouru, depuis l'époque où une femme ne pouvait voter, ne pouvait ouvrir un compte en banque à son nom, ne pouvait avorter, choisir ou non d'être enceinte, jusqu'à la nôtre, paradoxale,  qui prône une autre forme de soumission, plus insidieuse :

« Ça vaut le coup de porter des tenues inconfortables, des chaussures qui entravent la marche, de se faire péter le nez ou gonfler la poitrine, de s'affamer. Jamais aucune société n'a exigé autant de preuves de soumissions aux diktats esthétiques, autant de modifications corporelles pour féminiser un corps.
En même temps que jamais aucune société n'a autant permis la libre circulation corporelle et intellectuelle des femmes. »

Un texte qui divisera certainement les spectateurs comme il avait divisé les lecteurs à la sortie du livre.

Peut-être même davantage, car un livre, on peut le refermer, faire des pauses, on n'est pas obligé d'ingurgiter tout d'un seul coup sous peine d'overdose.

Et c'est peut-être là que se trouvent les limites du spectacle malgré tout le talent des comédiennes et de Vanessa Larré qui les met en scène avec des trouvailles intéressantes, utilisation par les comédiennes elles-mêmes d'une caméra qui nous donne à voir leurs visages en gros plan au moment où elles parlent, et les changement de tenues notamment de chaussures pour souligner les différentes étapes évoquées.

Un spectacle comme un manifeste un peu long, outrancier, un texte réducteur et qui peut paraître parfois démodé parlant de femmes dans lesquelles on ne se reconnaît pas vraiment, tellement elles sont à mille lieues de notre vie quotidienne – combien de spectatrices auront connu les parcours évoqués ? – comme si l'humanité ne se réduisait qu'au sexe.

Mais un spectacle aussi qui invite à la réflexion, et sans doute pas inutile pour nous rappeler qu'il faut rester vigilantes, que rien n'est jamais acquis, en ces temps de retour à l'obscurantisme, ailleurs et même sur notre sol où l'on peut croiser chaque jour davantage  ces silhouettes sombres, fantômes d'une liberté bafouée, ces femmes, nos sœurs, contraintes de nier  leur féminité en l'enfermant dans des prisons de tissu.

Nicole Bourbon

 

King King théorie

De Virginie Despentes
Adaptation : Valérie de Dietrich et Vanessa Larré
Mise en scène : Vanessa Larré

Avec : Anne Azoulay Valérie de Dietrich Barbara Schulz

Scénographie et Lumière : Laurent Castaingt
Son : Stan Bruno Valette
Costumes : Ariane Viallet
Vidéo : Christian Archanbeau