Et voilà une reprise de Michel Tremblay. Encore une, serait-on tenté de dire. Hélas, ce n'est pas une des meilleures pièces de l'auteur québécois. Nous sommes loin des « Belles-sœurs » ou de « À toi pour toujours. Ta Marie-Lou » Il y a dans cette piécette à l'intrigue mince et qui sent l'étiré, un côté déjà vu. Déjà fait. Tremblay nous conte, dans les années 70 le destin d'un dresseur de chiens, le Johnny Mangano du titre. Il a fait une longue tournée aux États-Unis et revient, un peu à bout de course, à Montréal. Sa fidèle épouse et partenaire l'accompagne. Or, il y a, ce soir-là, du tirage dans le couple : les revendications professionnelles s'ajoutent aux conflits personnels, bref, Charlotte (dite Carlotta) en a vraiment plus qu'assez.

Nous assistons alors à une série de va et vient, entre « je continue » ou bien « arrêtons tout ! » Tout ceci se traine, hélas, jusqu'à ce que Charlotte entreprenne sa grande scène du deux : elle ne veut plus être interrompue quand elle récrimine. Elle veut dire des choses et elle les dira avant, annonce-t-elle, de partir définitivement, de quitter son mari et surtout Kiki, cet horrible chien qui lui sort par les yeux au bout de tout ce temps.

Quarante minutes se sont déjà écoulées et c'est ici seulement que la pièce prend de l'ampleur. Ceci surtout grâce à l'interprétation de Catherine Le Goff, entière et d'une fragilité à couper le souffle. La fin accroche, bien sûr, avec son suspense attendu mais efficace, sur l'air du « partira-partira pas ? ». La mise en scène reste sage et l'interprète de Johnny, marmoréen, pourrait fendre davantage la cuirasse. Au crédit de ce spectacle, il faut aussi mentionner tout l'arrière-plan qui fait exister la scène du cabaret, (bravo à Christine « Zef » Moreau et à ses morceaux musicaux). Éclairages superbes et bande son réussie.

 Mais on peut être séduit, également, par l'écriture de Tremblay et, pourquoi pas, la problématique de la pièce.

Gérard Noël

 

Johnny Mangano  and his astonishing dogs

De Michel Tremblay
Mise en scène ! Harry Holtzman.

 Avec : Catherine Le Goff, Frédéric Tellier.

Musique live : Christine « Zef » Moreau.
Adaptation : Marie-Line Laplante.
Scénographie : Yvett Rotscheid. Costumes : Jean-François Castaing.
Lumières : Sylvain Séchet.
Administration : Joséphine Zaméo.