JEANNE D'ARC

Dans le cadre du 10ème Festival Futur Composé

Théâtre des Variétés
7 Boulevard Montmartre
75002 Paris
01 42 33 09 92

Jusqu’au 1er juillet
mercredi 27, jeudi 29 et vendredi 30 juin à 20h30, dimanche 1er juillet à 16h

 

Jeanne d’Arc loupe 

De Dreyer à Bresson, en passant par Rivette, Otto Premiger et même Luc Besson, le mythe de Jeanne continue d’inspirer les raconteurs d’histoires, d’Histoire. L’énigme de ce personnage et la symbolique qu’il sème après lui troublent et font résonner les époques, les coutumes, les fantasmes. L’héroïsme, la tragédie, la foi et la guerre produisent un cocktail étourdissant fait d’odeur de poudre, de jeune fille, de sueur, d’encens, de chair brûlée… Mais ici, le drame est transposé habilement. Les faits historiques mis à la question. Le mythe ancien injecté dans notre monde merveilleux.

Avec facétie et intelligence, Gilles Roland-Manuel s’amuse à déstabiliser l’Histoire officielle et sacerdotale en mettant en doute la naissance, l’enfance et l’éducation de Jeanne d’Arc. La gardienne de mouton appelée par voix divine à bouter l’Anglois hors du royaume de France hérite d’une tout autre passé. Hypothèse réaliste, soutenable et amusante comme tout sacrilège au grand aveuglement !

Mais finalement, Jeanne ici, n’est encore qu’un prétexte, comme elle l’est depuis quelques siècles, pour des causes plus ou moins propres (je parle évidemment de la tentative d’annexion que le Front National… oups… excusez.. un renvoi… tente de faire sur l’icône). Mais, dans le Festival Futur Composé, heureusement, on est en intelligence avec l’humanité, et c’est dans le but magnifique de rendre visible les talents, les forces, les générosités des autistes que cette chère Jeanne sert.

Est-ce elle ou le travail acharné de dizaines d’institutions qui s’occupent des personnes autistes qui donne cet aspect merveilleux à ce spectacle ? Ceux qui ont la foi diront une chose, ceux qui ne l’ont pas diront comme moi : c’est une belle leçon à laquelle nous oblige ce spectacle. Redevenir le spectateur amoureux de ce qui lui est compté le temps d’une pièce.

Bref retrouver l’innocence d’être percuté par une panoplie étrange et disparate de sentiments : la fascination devant une explosion de couleurs, la chaleur ressentie à la percussion de trente acteurs au plateau, le rire qui nait d’une rupture soudaine du récit par un comédien qui renvoie à l’intime, des larmes qui coulent quand les voix chantent, quand tout se brouille et que les artistes, les autistes, les autistes/artistes, les artistes trouvant l’autiste en eux (remarquable Denis Lavant…) racontent ensemble autant l’histoire que ce qui se vit au plateau.

Maintenant, s’il faut être critique, je ne peux dire que les manques, comme tout assoiffé de générosité et d’humanité : moins d’histoire et plus de moments de vie pure, chants, danse, comédie, musique. Qu’importe l’histoire qui veut être racontée, celle qui se déroule au plateau resplendit assez.

Mais Jeanne d’Arc n’est que la partie visible de l’iceberg que représente le travail déployé pour créer le Festival Futur composé. Deux années durant, les institutions engagées dans le projet s’activent, projettent et inventent pour que le festival ait lieu. Depuis un mois des événements au Carreau du Temple, à la Ferme Du Buisson, à l’Académie Fratellini, à l’église Saint-Louis de la Salpêtrière sont proposés pour donner le respect mutuel entre autistes et ceux qui ne le sont pas ou croient ne pas l’être. Apprendre de l’autre en se divertissant. Bravo.

Bruno Fougniès

 

Jeanne d’Arc

Auteur : Gilles Roland-Manuel
Metteur en scène : Olivier Tchang Tchong
Assistante mise en scène : Floriane Soyer

Comédien : Philippe Le Gall
Musicienne et comédienne : Maëva Clamaron

Création vidéo : Raphaël Etienne
Création son : Alex Doizenet
Création lumières : Paul Galeron
Création costumes : (en cours)

Avec la participation de Denis Lavant dans le rôle de Gilles de Rais

Avec le groupe Pacha de l’institut médico-educatif alternance 75 : avec Yann Le Jeanne (chant, piano, basse), Emmanuel Jordan (guitare et basse), Ahmed Dhibou (batterie), Gergana Todorova (chant), Dioncounda Diakite (percussion et batterie), Amadou Ly (chant et piano), Nioké Keita (chant), Yassmina Saïd-Ahmed, Laëtitia Kanon (chant).

Avec 4 comédiens du théâtre du cristal : Laurent Bouhaër, Thomas Caspar, Angélique Bridoux, Nadia Sadji

Avec les institutions spécialisées : Jean Richepin, Cognacq Jay, Jeanne D’arc, Alternance 92, Hdj Haxo, avec une quinzaine de jeunes autistes et leurs éducateurs :

Aurélie Mabilleau, Anaïs Chabaille, Sébastien Colot, Fabrice Marsault, Nadège Cellier Dizazzo, Patricia Chlond, Stanislas Carmont Et Arezki Tirgouine, Clémentine Delestre, Djaï Jacob, Lenny M’bissa Bilek, Strahinja Stankovic, Joaquim Feumi-Jantou, Sadio Sissoko, Yassin Sant’anna, Clémence Henry, Florian Hector, Yoan Lukumbisa, Fatimata Sow, Estelle Jondot, Neïl Ben Salah, Marwan Qaddi, Phanie Guichard, Pierre Aubert, Arnaud Bellal.

Créateurs : Compagnie de Profundis / Olivier Tchang Tchong

La compagnie De Profundis porte le travail d’Olivier Tchang Tchong. Elle a en 2017 produit Fils De(ux), en co-production avec le Nouveau Relax-Chaumont, et En route pour la joie avec l’ADAPT-CAJ. La compagnie est actuellement en résidence au Théâtre Louis Jouvet à Rethel

 

Mis en ligne le 28 juin 2018