JE SUIS ENCORE EN VIE

Le Tarmac
159 avenue Gambetta
75020 Paris
Tél : 01 43 64 80 80

Jusqu'au 24 janvier 2014
Du mardi au samedi à 20h (supplémentaires les jeudis à 14h30)

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Mis en ligne le 15 janvier 2014

Je suis encore en vie

Jacques Allaire travail sur les images, les sons, les ambiances et les corps. Pour faire sens. Donner à sentir et à voir. Tous sens.

Il construit ses créations avec ces matériaux.

Dans ce court spectacle les deux personnages interprétés par lui-même et Anissa Daoud ne disent pas une parole. Ce sont des corps en mouvement, dans un cérémonial de fin de vie, de survie, presque en apnée. Seul le sifflement des respirations pulse une preuve de leurs existences.

Dans une lenteur proche d'un perpétuel cérémonial, une femme vêtue à l'oriental maintient en vie un homme allongé, branché à une bouteille d'oxygène.

Derrière des bâches plastiques ressemblant aux cloisonnements d'hôpital, elle prend soin d'un enfant que l'on entend pleurer par moment.

Partout autour, le bruit du monde : explosions, fracas de destructions, rafales.

Elle passe de l'agonisant auprès duquel elle égrène des prières muettes, au bébé, au tapis sur lequel elle s'agenouille face à dieu, au livre sacré qu'elle feuillette, puis elle retourne au malade et surveille l'écoulement régulier de la bombonne qui le tient en vie.

Une existence faite de rituel, hors du monde et pourtant au centre. Un enterrement vivant.

Jusqu'à ce que, des cintres, descende un autre livre rempli de paillettes et de chansons : comme une vague venue des films des années américains des années 40, quelque chose d'improbable, un rêve ?

Est-ce cette apparition ou ce souvenir qui incite la femme à étouffer l'homme dans un sac en plastique ? Est-ce son amour de la vie qui la jette dans un corps à corps, l'instant suivant, pour redonner à ce corps de pantin la vie qu'elle vient de lui ôter ? Est-ce son horreur de la mort ?

Terrible lutte où Anissa Daoud empoigne le corps de l'homme de tous ses membres, souffrant du poids de ce corps, haletante et généreuse.

Combat qu'elle gagne pour sa propre perte : l'homme revenu à la vie, ivre de haine à la vue du livre féérique, la tue.

Inspiré par l'assassinat de la poétesse afghane, Nadia Anjuman, tué par son mari à l'âge de 25 ans, ce spectacle clame la révolte contre la violence faite aux femmes par la tout puissance phallocratique où qu'elle soit dans le monde.

Bruno Fougniès

 

 

Je suis encore en vie

De Jacques Allaire
Collaboration  décors Norbert Richard
Collaboration son Stéphane Montero
Lumières Norbert Richard

Avec : Jacques Allaire, Anissa Daoud