HUIS CLOS

La Petite Loge
2 rue la Bruyére
75009 Paris
Tél : 01 42 82 13 13

Jusqu’au 18 décembre
Vendredi à 21h00 et samedi à 20h00

 

Huis Clos loupe 

Surréaliste. C’est la description la plus adéquate et prédominante, au propre, comme au figuré, que je puisse avoir de cette singulière soirée du 13 novembre 2015, car depuis mes souvenirs de fiction et de réalité se mélangent, et ont tellement été bouleversés, submergés par autant de tristesse, que certains aspects restent encore flous et qu’il m’est difficile de vraiment faire la part des choses.

À 21 heures 05, fermeture de la porte, tant pis pour les retardataires, on nous précise qu’ils ne pourront plus être acceptés, car la Petite Loge est vraiment petite, le plus petit théâtre de Paris, paraît-il !

Sur scène, juste trois tabourets et une projection de la tête d’un type qui attend, le regard vide et fixe. Une sensation irritante, un peu hors des temps peut-être. La porte s’ouvre d’un coup et voilà le type de l’écran qui déboule sur scène en chair et en os ! Enfin, façon de parler, car nous comprenons bien vite qu’il vient d’atterrir en enfer et qu’il attend, résigné, son châtiment. Surpris, après un dialogue avec sa propre image, l’homme réalise que rien dans cet enfer là ne ressemble à l’idée qu’il s’en était faite, et que nous aurions pu en avoir aussi d’ailleurs. L’unique entrée va se rouvrir à deux reprises. Une femme, puis une deuxième, vont « tomber du ciel », hébétées, à leur tour. L’homme va se confronter à la froideur ciblée et perspicace de la première, puis repousser les avances de la deuxième, qui elle-même devra repousser celles de sa consœur et ainsi de suite… C’est compliqué, sans issue, c’est un cercle vicieux, et c’est le but ! Sartre enferme ses personnages dans une situation impossible, il n’y a aucune solution, et c’est pour l’éternité qu’ils devront s’entredéchirer et se jeter à la figure leurs erreurs passées et leurs faiblesses…

Les comédiens sont touchants et ils assurent, ils jouent juste, simple, efficace. Nous avons reçu leurs messages cinq sur cinq. Les costumes et le décor blancs, épurés, sont adéquats. La mise en scène, moderne, a su tirer le meilleur parti de cet espace exigu (mais que nous avons finalement bien intégré), en nous amenant vers une réflexion existentialiste et en nous faisant nous sentir drôlement à l’étroit au fond de nous mêmes... Nous en sortons pensifs et quelque peu inquiets.

Hélas, d’autres inquiétudes, plus concrètes et palpables, viennent instantanément s’ajouter lorsque nous apprenons ce qui est en train de se passer à quelques stations de métro de là !

Quelle lugubre ironie, Jean-Paul, vous aviez raison : tout comme en 1943, 72 ans après, « l’enfer, c’est les autres » ! Il n’y a pas de doute…

Luana Kim

 

Huis Clos

De : Jean-Paul Sartre

Avec : Perrine Blondel, Hugo Le Guen et en alternance Johanna Courtin ou Mélissa Rojo

Mise en scène : Svetlana de Cayron

 

Mis en ligne le 21 novembre 2015

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