GOUTTES D'EAU SUR PIERRES BRÛLANTES

Théâtre de Belleville
94 Rue du Faubourg du Temple,
75011 Paris
01 48 06 72 34

Jusqu'au 21 octobre 2014
Dimanche et lundi à 21h15, mardi à 19h

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Mis en ligne le 24 septembre 2014


Photos Raphaël Firon

Léopold séduit le jeune Franz, qui abandonne sa fiancée Anna pour s'installer en ménage avec son nouvel amant, lequel lui fait connaître le plaisir sensuel avant que la trivialité du quotidien ne le désespère et ne le rende odieux. Y a-t-il de l'amour entre eux ou de purs rapports de domination mâtinés de sexe ? Léopold n'est-il qu'un prédateur capable de détruire tous ceux qui s'attachent trop à lui ? Entre Tennessee Williams et Almodovar, Fassbinder a écrit sa première pièce violente et désabusée alors qu'il n'est âgé que de 19 ans, mais ne l'a lui-même jamais montée parce qu'il l'estimait inaboutie…

Le titre évoque l'incandescence de la passion qui est capable de faire du moindre détail un cataclysme. On pourrait s'attendre à quelque chose de très sulfureux mais c'est plutôt le sentiment de farce tragique qui l'emporte chez le spectateur. La mise en scène de Hugo Bardin fait ressortir cette ambivalence mi-dramatique mi-grotesque : les scènes d'amour sous la lumière rouge d'un tango semblent étrangement figées, artificielles et mécaniques là où on les aurait attendues troublantes, naturelles et sensuelles, comme si les comédiens les surjouaient dans des sous-vêtements qui apparaissent décalés. L'ambiance musicale, mais surtout le décor et les costumes, qui sont ceux d'un intérieur allemand des années 1970, sont partie prenante dans ce malaise. Le lit lui-même, qui trône pourtant au sommet d'un escalier disposé au milieu de la scène, est minuscule comme celui d'un théâtre de marionnettes : son piédestal ne le montre dans son insignifiante et ridicule petitesse plutôt que dans sa démesure sacrée. Ah ! Faut-il donc rire de la démesure de nos transports amoureux ou pleurer de l'impossibilité du bonheur ?

Frédéric Manzini

Gouttes d'eau sur pierres brûlantes

De Rainer Werner Fassbinder 
Mise en scène : Hugo Bardin
Décor : Yohann Chemoul, Marine Vernhettes
Costume : Hugo Bardin
Musique : Alexandre Mouchtouris
Vidéo : Raphaël Firon

Avec : Antonin Chalon (Franz), Marie Petiot, Emmanuel Rehbinder et Kameliya Stoeva

 

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