ET BALANCEZ MES CENDRES SUR MICKEY

La Commune – Centre dramatique national
2 rue Edouard Poisson
93300 Aubervilliers
01 48 33 16 16          

Jusqu’au 15 février, mardi et mercredi à 19h30, jeudi et vendredi à 20h30, samedi à 18h et dimanche à 16h.

 

loupe

 

 

Rodrigo García est un metteur en scène hispano-argentin qui défraie la chronique. Il peut diviser, choquer mais il est aussi encensé. Rappelons nous Golgota picnic, pièce de 2011 dans laquelle il présentait Jésus Christ comme une sorte de chef populiste tyrannique : elle avait suscité de vives critiques de la part des catholiques et fait l’objet d’une Une de Charlie Hebdo pour un numéro visant à répondre aux censeurs de la pièce.

Et balancez mes cendres sur Mickey est aussi une pièce qui a fait beaucoup parler d’elle au moment de ses premières représentations en 2007. Cela explique sans doute la distribution d’une sorte de note d’intention aux spectateurs. Et pourtant, j’avoue que, pour ma part, j’ai dû mal à en parler et ce car je n’ai pas toujours compris le lien entre le texte et ce qui se joue, qui relève davantage de la performance que de la pièce de théâtre.

Le texte évoque les travers de la société hypermoderne : l’invasion de commerces aseptisés où l’on ne sait plus ce que l’on vient acheter, les espaces dénaturés avec l’exemple d’un lac surexploité en tant que lieu de distraction, l’uniformisation de nos loisirs et ainsi de nos souvenirs, les messages à caractère informatifs entendus, répétés et connus de tous ou encore les « Bonne journée » infinis de nos mezzo-sopranos de boulangères, la solitude, la violence, l’art de feindre, la frime, la perte de valeur du langage. Ce texte est désespérément beau, fort bien écrit et même si parfois il est récité par les trois comédiens, il est plus souvent projeté sur un écran, en fond de scène. J’ai regretté qu’un tel texte ne soit pas interprété ; il en aurait été encore plus puissant.

Et pendant que les spectateurs lisent, les trois comédiens s’agitent sous nos yeux. Les corps sont malmenés, souillés. Des acteurs recouvrent leurs corps nus de miel, et de pain de mie ou de poils. Les mêmes acteurs simulent des relations sexuelles affublés de tee-shirts portant les noms de Rousseau et Montaigne. Puis, ils se rhabillent, avant de se jeter dans une piscine de glaise. Ils pataugent, tombent, en mettent de partout. On est éclaboussé – au propre comme au figuré – par la violence des scènes. Des souris sont mises dans un aquarium, et nous les observons se débattre, pour éviter la noyade. Métaphore de notre condition ? Sans aucun doute. Mais que penser alors de cette fille qui se fait tondre la tête en direct ? Quel est le message ? Je ne l’ai pas encore compris même si la méthode de l’électrochoc choisie par García peut prendre sens si l’on considère qu’images et textes traduisent l’abjection et la violence de sociétés qui nous réduisent en cendres. Cendres que l’on offrira en pâture à l’icone même de l’impérialisme, Mickey...

Voilà un spectacle qui pose des questions et offre une pluralité de sens, et ainsi d’interprétations. N’est-ce pas là le propre de l’œuvre d’art ?

Ivanne Galant

 

Et balancez mes cendres sur Mickey

Arrojad mis cenizas sobre Mickey
Texte et mise en scène: Rodrigo García
Spectacle en espagnol surtitré

Avec : Núria Lloansi, Juan Loriente, Gonzalo Cunill

Création lumière : Carlos Marquerie
Assistant à la mise en scène : John Romão
Design des projections : Ramón Diago
Direction technique : Gérard Espinosa
Costumes : Jorge Horno

 

Mis en ligne le 2 février 2015

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