DIVORCE AU SCALPEL

Théâtre le Grand Point Virgule
8 bis rue de l'arrivée
75015 Paris
01 42 78 67 03

Jusqu'au 3 juillet 2016
Du mercredi au samedi à 19h45 et le dimanche à 18h00

 

Divorce au scalpel loupe Crédit photo : Alain Étévé

Qui a dit que le boulevard était mort ? Il survit et se porte même très bien, la preuve. Des trentenaires sont sur scène… et dans la salle, pour cette comédie. Bien sûr, les thèmes ont un peu évolué. Ici, pas d’amant ou de maîtresse dans le placard (encore que…) mais plutôt un couple qui a divorcé depuis deux ans déjà mais dont le jeune homme, s’incruste, faute d’avoir trouvé un nouveau point de chute. Ajoutez-y une belle-mère snobinarde et névrosée plus un psy, conseiller conjugal, et tout peut arriver.

Justement l’ex-couple fête ou plutôt ne fête pas, son anniversaire de mariage. La situation, un peu tendue au départ, va, au fil de la pièce, se déliter complètement. Il y aura une histoire de cadeau offert par la mère… et revendu sur un site ad hoc, un faux suicide plus une ex’, ravissante et fofolle (en apparence) qui est « très » tout. 

« Tu veux la guerre, tu vas l’avoir ! »  C’est ce que lance Oriane, la jeune femme, au malheureux Aurélien. Et il l’a, à commencer par cet emprunt au film « La Guerre des Roses » qui lui fait (à elle) partager l’appartement en deux territoires distincts. Et ce qui s’ensuit. D’autant qu’intervient un conseiller conjugal… à la fois manipulateur et coincé.

Au début, on soupire. Les répliques sont lancées avec quelques blancs, le rythme tarde à se mettre en place et des embryons de situation (la première arrivée de la mère, l’épisode des chandeliers) sont peu exploités. Mais les auteurs redressent la barre : il y a peu de «répliques cultes », de celles qu’on se répète en sortant, mais cet empilement de scènes délirantes, et surtout l’énergie des comédiens, à commencer par Laurence Oltuski (Oriane) et Karine Lyachenko (Karen) emporte l’adhésion. Pierre Khorsand, dans le rôle d’Aurélien, a une belle présence, mais joue parfois un peu trop de sa voix et de son côté distancé. Hélène Derégnier (la mère) a un personnage en or, qui aurait gagné, sans doute, à être creusé davantage. Quand sa fille lui lance : « On a déjà divorcé ! » elle réplique : « Mais, qu’est-ce que je t’ai fait ? » Tout est dit et on aurait aimé d’autres échanges de ce cru. Loïc Blanco, en conseiller conjugal, convainc tout à fait. Chacune de ses apparitions fait mouche. Il tient son personnage et concourt, et comment, au succès que le public fait à ce spectacle.

Gérard Noël

 

Divorce au scalpel

De Frédérique Fall et Alain Etévé
Mise en scène de Jean-Philipe Azéma 

Avec Laurence Oltuski, Florian Spitzer (puis Pierre Khorsand), Karine Lyachenko, Hélène Derégnier et Loïc Blanco

Mis en ligne le 7 avril 2016