COSMOS

Au Monfort Théâtre
106 rue Brancion
75015 PARIS
01 56 08 33 88

Jusqu'au 7 déc 2013
Du mardi au samedi à 20h30.

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Mis en ligne le 29 novembre 2013

Cosmos

De plus en plus, on mélange théâtre et images animées, au point de ne plus bien faire la différence. Ce spectacle commence donc par une projection, deux personnages marchant dans une forêt. Découverte d'un moineau pendu (très important pour la suite) tandis qu'une voix off commente l'action. Le procédé agace tout d'abord, mais la suite prouvera que tout ceci obéït à une logique qui, après tout, se défend.

Voici donc nos voyageurs installés dans une auberge. Ils sont, par force réduits à l'état de silhouettes, tant est présente la voix qui dit, bien sûr, Cosmos, de Gombrowicz, le roman qui donne sa substance à « la pièce ».

 Un rideau isole les voyageurs de la scène. Effets visuels encore. Ce n'est qu'à l'apparition des autres personnages, Léon, sa femme, la servante Catherette (à la curieuse lèvre), Léna, la fille de la maison et son fiancé qu'un peu de vie se glisse alors sur scène. Le père (Léon) épilogue sur sa carrière à la banque et sa vie conjugale : il est, en fait, le deuxième homme important de la pièce. C'est lui qui va provoquer un rapprochement, lors d'une balade en montagne, entre Léna et le narrateur. Celui-ci entre temps, a glissé vers un délire fait d'envies de meurtres et d'interprétation de signes…qui n'en sont pas forcément.

On mesure à quelle point la pièce peine à être résumée. Et c'est tant mieux. La durée romanesque étant très différente de la durée scénique, tout Cosmos n'est pas sur scène. Même si l'approche à la fois ludique et intellectuelle de Gombrowicz se retrouve, il s'y ajoute la sensibilité de l'adaptateur et metteur en scène. Pour lui, projeter une fiction théâtrale n'est pas si intéressant : il faut y mêler de la réflexion et ne s'emparer de Cosmos que pour le subvertir, le lier à son inspiration, à ce qu'il a, lui, envie de dire. Et surtout de montrer. De ce côté-là, nous sommes servis : toute la deuxième partie aligne des images oniriques superbes…et c'est grâce à elle, grâce aussi, évidemment à la prose de Gombrowicz, à sa science des effets, à son côté ricaneur que la magie finit par prendre et emporter le spectateur. Où ? Il ne le sait pas très bien, à vrai dire, mais cette œuvre « ouverte » en ce sens qu'elle dit mais ne dit pas tout, ne laissera personne indifférent.

On n'oubliera pas cette folie ambiante, (encore que…) ces masques surréalistes, ces personnages qui tournent en rond en un chassé-croisé étrange, et le côté roman-feuilleton de certaines phrases. Celle, notamment qui sert de sous-titre à la pièce : « Un autre jour, je vous raconterai une autre aventure extraordinaire. »

Gérard Noël

 

 

Cosmos

D'après Gombrowicz.
Traduction : Georges Sédir.
Adaptation et mise en scène : Joris Mathieu.

Avec : Philippe Chareyron, Vincent Hermano, Franck Gazal, Rémi Rauzier, Marion Talotti, Line Weblé.

Scénographie : Nicolas Boudier, Joris Mathieu.
Musique : Nicolas Thévenet.
Lumières : Nicolas Boudier.
Création vidéo : Loïc Bontemps, Siegfried Marque.
Régie plateau : Rodolphe Moreira.
Photos : Siegfried Marque, Nicolas Boudier.