COMME À LA MAISON

Théâtre de Paris, salle Réjane
15, rue Blanche
75009 Paris
01 42 80 01 81

Jusqu’au 30 novembre 2017
Du mardi au samedi 21h00
matinées le samedi à 17h00 et dimanche à 15h00

 

Comme à la maison loupe Photo © Celine Nieszawer

Comme chaque année, Suzanne reçoit ses enfants pour fêter le nouvel an. Il y aura bien sûr comme chaque année l’incontournable gratin, la bouteille de champagne, les amuse- gueules et cette année il y aura en plus le linge sale qui sera lavé en famille.

Suzanne attend le premier arrivant avec sa sœur Ginou qui paralysée, est clouée sur son fauteuil roulant. Elle est célibataire, sans enfant et considère que sa sœur est une véritable peau de vache et pourtant elles vivent ensemble et c’est vrai que Suzanne ne laisse rien passer. Le fils ainé Michel arrive avec trois minutes de retard et c’est déjà une première remarque juste pour installer l’ambiance festive de cette réunion familiale d’autant qu’elle ne supporte pas sa bru Gwennaelle qui, elle, ne rêve que de voir sa belle-mère finir sa vie dans une pension pour vieux. Puis arrive Sylvie la benjamine, comédienne, qui s’est fait un petit nom dans le monde de la série télévisée. Elle est une fois encore follement amoureuse mais d’un homme marié avec deux enfants. Autant dire que les remarques désobligeantes fusent assez rapidement. Il y a un retardataire, le fils préféré, Titou qui vit au Canada. Il a réussi sa vie professionnelle et sa mère ne rêve que de le voir marié, ce sera pour bientôt, il a demandé son compagnon en mariage. Et puis il y a le père qui agonise au premier étage et qui n’en finit pas de mourir.

C’est un peu comme dans la chanson de Brel « Chez ces gens-là ». Une famille ordinaire avec ses non-dits, ses mensonges, ses secrets, ses jalousies, et toutes ces choses que beaucoup savent mais que l’on cache soigneusement pour ne pas mettre en péril ce fragile château de cartes qui ne demande qu’un souffle de rancœur pour s’écrouler. Et ce sera le cas car derrière les masques de cette famille qui se débat avec son passé, les secrets les plus lourds vont tomber un à un jusqu’à l’impensable que je vous laisse découvrir.

C’est une tragicomédie noire, acide, une comédie sociale qui n’est pas sans rappeler la famille des Deschiens avec ses codes mais qui laisse néanmoins une grande place aux rires, portée par une interprétation talentueuse, juste et forte des six comédiens parfaitement à l’aise dans le pathétisme de leur personnage. Annie Grégorio (Suzanne) quant à elle, est époustouflante de justesse et son personnage tient l’ensemble de ce bateau qui sombre, avec la détermination du capitaine qui ne veut pas le quitter. Quel bonheur que de la détester. Une mise en scène parfaite et rythmée dans un décor idéal et bien vu. Pièce à voir à découvrir à applaudir.

Patrick Rouet

 

Comme à la maison

Auteurs : Bénédicte Fossey et Éric Romand
Mise en scène : Pierre Cassignard assisté de Pascale Bouillon

Avec : Annie Grégorio, Lisa Martino, Françoise Pinkwasser, Aude Thirion, Pierre-Olivier Mornas, Jeoffrey Bourdenet.

Costumes : Camile Duflos
Décor : Jacques Voizot assisté d’Olivier Prost
Lumières :Denis Koransky

 

Mis en ligne le 3 novembre 2017