CHIEN OU LOUP

Théâtre des Déchargeurs
3 rue des Déchargeurs
75001 PARIS
08 92 70 12 28
Du mardi au jeudi à 19h00
Jusqu'au 26 septembre


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Mis en ligne le 23 août 2013

Chien ou loup

Que dire, en l'occurrence, sinon que le mariage est audacieux : 2 Tchekhov et 1 Courteline, pourquoi pas ? Mais y adjoindre du Labiche, on ne s'y attendait pas. Voici donc ces quatre courtes pièces qui, aboutées, font un spectacle d'une heure et demie environ. Et c'est là, peut-être que le bât blesse : si les personnages couards et baignés de spleen du dramaturge russe font bon ménage avec un M. Badin, jemenfoutiste, chez Labiche nous ne sommes plus dans un portrait un peu étoffé, mais dans une vraie pièce, une des seules qu'il écrivit sans collaborateur. Il y a une intrigue à faire tourner, un enjeu : tout ceci prive d'ailleurs peut-être la pièce de ses rires. Nous sommes trop attentifs à l'histoire pour goûter l'incongru de certaines répliques.

Côté Tchekhov, rien à redire : la mise en scène est sobre, sans artifices inutiles. Elle donne à entendre une souffrance souriante et la fameuse ironie de Tchekhov, plein de tendresse, finalement, pour ses personnages : Il ne les juge pas, ne les condamne pas davantage. Il nous prend à témoin…et nous suivons. Dans un décor transformable, tout est net. Plaisir donc, de retrouver (pour certains spectateurs) un vieux cabotin (dans le « Chant du cygne ») ou bien le mari et esclave de « Tragédien malgré lui ». Efficacité du texte de Tchekhov, bien servie par deux comédiens au mieux de leur forme. On entend au passage que le « mariage est une cause de pacotille » ou bien, catégorie ennuis, que « le moustique, c'est de la rigolade à côté du ténor. »

Avec Courteline, bizarrement, nous voici transportés dans un futur style « Alien » pour évoquer le monde poussiéreux de l'administration à la fin du XIX ème siècle. Et cela fonctionne. Badin reste lui-même, c'est-à-dire un éternel cossard que le travail terrifie et qui, loin de vouloir démissionner, exige une augmentation ! Pour en revenir à « Un jeune homme pressé » de Labiche, signalons le brio de l'interprète du jeune homme et la fantaisie des ombres chinoises, qui jouent un grand rôle dans cette présentation.

Mise en scène bien menée, donc, et prestation impeccable des deux comédiens : l'un bonhomme et souriant (avec le métier pour lui) l'autre tonique, nourrissant ses personnages de petites touches réalistes. Pour revisiter Tchekhov et consorts, un spectacle recommandé.

 Gérard NOEL

 

Chien ou loup

Textes : Courteline, Labiche et Tchekhov.
Adaptation et traduction : Jean-Christophe Barbaud et Frédéric Schmitt.
Mise en scène : Jean-Christophe Barbaud.
Son et image : Stéphane Lebonnois.
Assistant décor : Bernard Wiencek.

Avec : Jean-Christophe Barbaud, Frédéric Schmitt

 

 

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