BOBBY FISCHER VIT À PASADENA

Théâtre de la Tempête
Route du Champde-Manoeuvre
75012 Paris
01 43 28 36 36

Jusqu'au 27 octobre 2013, à 20h30
Le dimanche à 16h30 (Relâches les 18 et 23)

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Mis en ligne le 12 octobre 2013
Bobby Fischer

 

Les parents et les enfants adultes, une famille ordinaire suédoise, rentre d'une soirée au théâtre. En fait, il n'y a rien d'ordinaire dans cette famille : le fils sort d'une maison psychiatrique, victime d'une sorte de traumatisme autistique dans son adolescence, la fille alcoolique victime de la perte son enfant quelques années plus tôt et en deuil perpétuel, la mère ancienne comédienne qui a sacrifié sa carrière à ses enfants, le père devenu étranger à force de ne vivre que pour son entreprise…

Rancunes, vies blessées, lâchetés et frustrations brûlent ce foyer. Cette soirée sera l'occasion d'extirper le pus des blessures mal cicatrisées.

La tension est palpable entre ces quatre êtres, sous le vernis propret et bienpensant que tente de conserver les parents. Alors très vite, les mots dérapent, les reproches sous-tendent chaque échange et chacun se protège comme il peut pour éviter le conflit ouvert.

Durant deux heures et le temps d'une nuit, chaque membre de cette famille envoie des flèches, des appels au secours, des manques, des cris presque muets, sans parvenir à ébranler la structure de l'ordre établi. On pourrait croire que cette soirée est un rituel susceptible de se répéter quotidiennement sans que rien ne soit purgé ni changé ni apaisé.

Lars Norén a écrit là un huit-clos assez formel sur le constat : les parents gâchent la vie de leurs enfants, les enfants gâchent la vie de leurs parents, sans solution.

La scénographie d'Estelle Gautier installe le public dans le salon même de la maison, sur une belle moquette immaculée. Mais cette proximité, cette volonté de faire partager au plus près l'action de la pièce provoque paradoxalement la sensation d'un voile d'indifférence pour ces êtres tellement réalistes qu'on les pressent trop vite enfermés dans un conformisme sans issue.

La mise en scène de Philippe Baronnet semble suivre à la lettre les directives de l'auteur. Une application, une linéarité voulue. On sent plus la volonté de chef d'orchestre à l'écoute du rythme des phrases qu'une véritable envie de transcender l'écriture et d'atteindre le vif.

Pourtant, les quatre interprètes ont ciselé chacun très finement leurs personnages. Il y a certainement un vrai travail en amont de ce spectacle, une application à bien faire mais qui ne parvient pas à créer la magie.

Bruno Fougniès

 

 

Bobby Fischer vit à Pasadena

Texte de Lars Norén, texte français Amélie Berg (L'Arche Éditeur)
Mise en scène Philippe Baronnet, s
Scénographie Estelle Gautier,
Lumières Guillaume Granval
Son Cyrille Lebourgeois,
Costumes Carmen Bagoe
Maquillage Françoise Chaumayrac

Avec
Elya Birman, Samuel Churin, Nine de Montal, Camille de Sablet

 

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