LA RÉSISTIBLE ASCENSION D’ARTURO UI

Théâtre de Ménilmontant
15 Rue du Retrait
75020 Paris
01 46 36 98 60

Jusqu’au 21 mars 2015
à 21h00

La résistible ascension d’Arturo Ui

 

Le metteur en scène Vincent Quezada-Perez s’empare de la pièce la plus célèbre de Brecht qui présente une véritable allégorie de la mise en place du régime nazi à travers le triomphe d’un gangster de Chicago. Ce dernier truste « le chou fleur » et  se présente comme un sauveur-protecteur porteur de la sécurité en ces sombres temps. Le jeu des acteurs accentue avec efficacité cette victoire d’un pouvoir criminel et arbitraire où les rapports de force se substituent à toute idée de justice : les acteurs en clowns contribuent à dénoncer la bouffonnerie du système mafieux en révélant ses grosses ficelles, l’instrumentalisation de la peur, les jeux d’intimidation piégeant le peuple dans une logique de survie. Sentiments schématisés efficacement par le décor simplement composé de panneaux blancs sur un plateau partagé entre le noir et le blanc, l’unique couleur étant les nez rouges qu’arborent les acteurs. 

Le parti pris de cette mise en scène est d’expliciter le message de la pièce avec une voix off qui intervient parallèlement aux histoires de légumes, fruits et fleurs, pour rapprocher cet Arturo Ui de Adolf Hitler en dénonçant leurs cruautés et leurs bouffonneries. Cet artifice peut sembler superflu, voire un peu « lourd » tant la pièce constitue déjà à elle seule une véritable leçon conformément au rejet d’un théâtre confortable et divertissant, sa mission étant selon Brecht d’éveiller les consciences. Vincent Quezada-Perez et sa belle troupe en clowns prolongent le didactisme de Brecht et sa conception de théâtre épique, où les acteurs doivent provoquer la distanciation et la réflexion. C’est une belle réussite qui nous est donc montrée là, nous plongeant plus d’une 1h30 dans cet univers mafieux entre Arturo Ui et Hitler où la fiction est au service du réel. Même si la réflexion suscitée n’est pas la plus audacieuse et peut même sembler convenue, elle est nécessaire car « le ventre est encore fécond d’où a jailli la bête immonde ». Reste à laisser résonner et raisonner l’épilogue de cette pièce pour ne pas tomber dans une dénonciation facile et réduire la pièce à un message éculé. En tout cas, une telle mise en scène le fait vivre !

Florianne Gani

 

La résistible ascension d’Arturo Ui

De Bertold Brecht
Mise en scène : Victor Quezada-Perez assisté par Suzanne De Baecque et Mélanie Charvy
Scénographie : Rodin Sotolongo
Direction et création lumières : Tanguy Gauchet
Régie Générale : Paul Antoine Veillon
Costumes : Rodin Sotolongo, Cindy Nikolic et Aurore Bourgois Demachy
Regard musical : Osvaldo Calo
Musiques : Meredith Miller

Avec :
Elie Salleron : Arturo Ui
Mathieu Ribet : Roma
Lucas Hénaf : Gobolla, Goodwill, Sheet
Thierry Bilisko : Hindsbourg, Ignace Dellfoot, Hook
Laurent Pons : Clark, Le juge et Bowl
Victor Quezada-Perez : Gori et Flake
Ewa Rucinska : Betty Dolfoot
Charles-Andre Lachenal : Butcher, Inna, O’Casey, un Marchand
Suzanne De Baecque : Nini fleur des Quais
Sacha Guitton : Flake, Un Gangster, un Marchand de légumes

 

Mis en ligne le 19 mars 2015

Merci de cliquer sur J’aime