LA VIE PARISIENNE

 

Moderne ou classique ? Voilà la question !

 

« La vie parisienne » d'Offenbach, est remise au goût du jour par la mise en scène moderne de Laurent Pelly. Cela suffit-il à lui redonner une nouvelle jeunesse ?

Dès le lever de rideau, on entend des murmures surpris monter de la salle. En effet, oubliés les décors classiques, envolés les costumes d'époque ! Des personnages en jeans, baskets ou encore portant des sacs à dos traversent la scène dans une grande agitation. Un escalator trône au centre de l'espace, voitures et fourgonnette de service occupent le plateau. Les employés de la ligne de l'Ouest arrivent portant une banderole. Le premier acte va être ainsi émaillé de références actuelles proférées par la voix de la SNCF : loi anti-tabac, manifestations de grévistes, fouille des voyageurs « au faciès ».

Laurent Pelly signe là son neuvième Offenbach en dix ans, c'est dire s'il connaît son sujet. Son délire facétieux se donne libre cours et les trouvailles abondent. Les intermèdes orchestrés par la chorégraphe Laura Scozzi sont désopilants et de la même veine actuelle : CRS, éboueurs, jet-setters se bercent d'illusions dans un monde de faux-semblants dans des ballets complètement décalés.

Les quatre décors sont époustouflants, celui du loft étant particulièrement réussi. La distribution est inégale : si le baron (Laurent Naouri) et Métella( Maria Riccarda Wesseling) sont excellents, le Brésilien (Jésus Garcia) manque singulièrement d'abattage et réussit à rendre inaudible le célèbre :" je suis brésilien, j'ai de l'or." La pétulante Gabrielle (Marie Devellereau), passe avec aisance de la coquine gantière, à la veuve de colonel, pour terminer sur les épaules du Brésilien en couettes et jupette aux couleurs de l'équipe de foot du Brésil. Dommage que parfois la voix s'étouffe.

Critique du clinquant, du culte de l'argent facile, des apparences trompeuses, la pièce est toujours d'actualité. Fallait-il pour autant en rajouter ? Suffit-il de créer une employée de la SNCF mangeant des hamburgers et faisant des sudoku pour que l'intrigue colle à notre époque ? Par un effet de contraste, les défauts habituels de l'opérette ressortent encore davantage : intrigue pratiquement inexistante, pauvreté du livret.

Heureusement, dans ce genre de spectacle, reste la musique, surtout quand elle est signée Offenbach, aussi pétillante que du champagne et qui fait oublier l'indigence des paroles. Mais là encore, la mise en scène, pour originale et inventive qu'elle soit, gomme un peu du coup la fougue des morceaux. À part à la fin du troisième acte, où les mouvements de la table ajoutés à celui des convives créent un tourbillon endiablé, le reste parait un peu mou.

Le final est décevant : on est loin de voir souffler l'envolée du célèbre can-can : raccourci, sans les célèbres jupes à volants et loin de la chorégraphie habituelle, il n'a plus aucun panache.

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http://fr.wikipedia.org/wiki/Laurent_Pelly