QUILAPAYUN

Des chants pour se souvenir

 

Les voilà, les Quilapayun, ce groupe chilien fabuleux qui porte la voix des disparus, des victimes de la dictature chilienne depuis tant d'années.

Ils entrent en scène, vêtus du poncho noir des muletiers des Andes, et déjà une immense ovation monte de la salle. Pour ce qu'ils sont. Pour ce qu'ils représentent. Pour saluer 45 ans de combats. Et aussi un talent unique.

Une grande émotion planait sur le Châtelet pour ce concert exceptionnel dédié à Victor Jara, chanteur, poète et compositeur engagé, qui fut leur directeur artistique de 1966 à 1969.

Les chants se succèdent et la magie opère. Les voix puissantes aux harmonies vocales prestigieuses transportent le public bien loin de Paris, il n'est nul besoin de connaître l'espagnol, on ressent tout ce qu'ils veulent nous dire, et les images défilent dans les têtes, portées par la musique.

Retour aux années sombres du Chili avec le coup d'état des généraux emmenés par Pinochet, les arrestations, les tortures, les assassinats dont celui de Victor Jara. En ce terrible jour du 11 septembre 1973, les Quilapayun étaient en concert à Paris, ce qui leur a sans doute sauvé la vie.

Et c'est la ville de Colombes qui leur offre asile, quel symbole !

Ils deviendront les porte-paroles de tout un peuple, portant haut les valeurs de liberté et fraternité dans le monde entier. Sauf, le cœur déchiré, dans leur propre pays qu'ils ne retrouveront qu'en 1988 après le retour de la démocratie.

Depuis chacune de leur apparition est un événement. Pour eux, avec le temps qui passe, il est de plus en plus important de transmettre, de porter le flambeau du souvenir. Le devoir de mémoire sous-tend leur existence.

Mais ils sont aussi poètes, musiciens et ils font également partager tout le patrimoine culturel du Chili, avec son folklore, ses instruments particuliers comme les charangos, bien loin de la prédominance de la musique anglo-saxonne.

Le public est comme envoûté. L'émotion est palpable et atteint son paroxysme avec en final le célèbre chant emblématique « Venceremos ». Toute la salle est debout, et l'ovation se prolonge, c'est comme une vague qui submerge tout ; par delà le Chili c'est la voix de tous les opprimés sur terre qui s'est faite entendre. Nul besoin de mots. La musique est universelle. Toujours. Siempre.

 

Nicole Bourbon

 

En savoir plus :

http://www.quilapayun.com/