Si on ne devait utiliser qu'un mot pour parler de ce spectacle ce serait : émotion.

Car elle a été véritablement palpable lors des quatre représentations données au Châtelet, et dès le début, à l'apparition de Michel Legrand, qui va diriger l'orchestre symphonique, portant beau ses 82 ans, avec aux lèvres le sourire ému de celui qui voit enfin un de ses rêves réalisé, salué par le public et par les artistes.

Quand on a en mémoire le souvenir de ce monument du cinéma, on peut être d'abord un peu surpris par le choix du décor très éloigné de l'univers coloré du film.

Et puis on est littéralement pris, captivé, par cette version scénique, avec l'orchestre symphonique qui occupe presque tout l'espace, les dessins de Sempé qui donnent une touche infiniment poétique, les costumes intemporels, imperméables et parapluies indispensables comme il se doit et la qualité de l'interprétation. Une vraie révélation, la jeune Marie Oppert, infiniment touchante de fraîcheur et de jeunesse, qui réussit à ne pas décevoir ceux qui garderaient le souvenir de Catherine Deneuve qui avait tant marqué le rôle. Nathalie Dessay, la terrible mère de Geneviève – Ah ce clin d'œil lorsqu'elle lance avec conviction : « Moi, je n'aime pas l'opéra, je préfère le cinéma » ! – Et Vincent Niclo et Laurent Naouri, aux si belles voix. Et tous les autres dont les talents réunis ont fait revivre pour un public au bord des larmes l'immortelle romance de Geneviève et de Guy brisée par la guerre d'Algérie.

Et bien sûr la musique, si belle, si recherchée sous une apparente facilité et qui sait si bien faire battre les chœurs.

Et ce morceau si connu, texte et musique indissociables, sur qui souffle plus que jamais un parfum d'éternité.

Non je ne pourrai jamais vivre sans toi
Je ne pourrai pas, ne pars pas, j'en mourrai
Un instant sans toi et je n'existe pas
Mais mon amour ne me quitte pas
Mon amour je t'attendrai toute ma vie
Reste près de moi reviens je t'en supplie
J'ai besoin de toi je veux vivre pour toi
Oh mon amour ne me quitte pas

Un moment exceptionnel et le public ne s'y est pas trompé qui a réservé une des plus longues standing ovation de l'histoire du spectacle.

Nicole Bourbon

 

Les parapluies de Cherbourg

Livret : Jacques Demy
Musique : Michel Legrand
Direction musicale : Michel Legrand
Mise en espace : Vincent Vittoz
Décors : Jean-Jacques Sempé
Décors : Vincent Vittoz
Costumes : Vanessa Seward
Lumières : Renaud Corler

Avec
Geneviève : Marie Oppert
Guy : Vincent Niclo
Madame Emery : Natalie Dessay
Roland Cassard : Laurent Naouri
Madeleine : Louise Leterme
Tante Elise : Jasmine Roy
Monsieur Dubourg, Aubin, un ouvrier déménageur, haut-parleur : Franck Vincent
Bernard, Pierre, garçon de dancing, le facteur, ouvrier, apprenti : Franck Lopez
Jean, client du garage, client du magasin de parapluies, un passant, patron du café : Arnaud Léonard
Jenny : Elsa Dreisig

Orchestre : Orchestre National d'Île-de-France