CAFÉ POLISSON

Théâtre de l’Épée de Bois
Cartoucherie de Vincennes
Route du Champ de Manœuvre
75012 Paris
Réservations : 01 48 08 39 74

Jusqu’au 3 avril 2019
à 20h30 du lundi au mercredi

 

Café Polisson loupe Photo Sophie Boeglin

Créé en 2015 au musée d’Orsay pour l’exposition « Splendeur et Misère, images de la prostitution 1850 – 1910 », CAFE POLISSON fait l’objet d’une judicieuse reprise au Théâtre de L’Épée de Bois.

Conceptrice et interprète principale de ce passionnant spectacle Nathalie JOLY entraîne le spectateur d’aujourd’hui dans l’univers trouble et troublant des cafés-concerts parisiens de la Belle Epoque.

Le public d’alors, bourgeois et surtout masculin, venait se divertir et s’encanailler à l’écoute de chansons grivoises qui multipliaient les allusions à la sexualité.

À la fin des représentations, les chanteuses, danseuses, actrices qui se produisaient dans ces établissements, étaient tenues de se rendre disponibles et d’accepter les hommages de leurs admirateurs.

En un temps où la femme n’avait que le droit de se taire et de s’enfermer chez elle, toute artiste qui montait sur scène et osait s’exprimer devant un public était assimilée à une «fille publique».

Au fil d’une quinzaine de chansons coquines ou cruelles, souvent drôles parfois poignantes, se dessine un demi-monde composé de courtisanes, de cocotes, de pierreuses, de bitumeuses, de filles de joie…, toutes, gouvernées par la misère et soumises à l’argent des hommes, aux maladies vénériennes, à la déchéance, à la solitude et à l’amertume.

Puis vint Yvette Guilbert qui donna ses lettres de noblesse à la chanson populaire. Son travail artistique fut admiré par de nombreux intellectuels notamment le Docteur Freud avec lequel elle échangea une correspondance suivie.

Yvette Guilbert explora en profondeur le monde des miséreux et de la prostitution. Par ses musiques, son invention du « parler chanter », elle sut rendre au répertoire des bas-fonds de l’époque toute sa richesse artistique et sa dignité humaine.

Dans un décor signé Jean-Jacques Gernolle, inspiré de Renoir, Degas et Toulouse Lautrec, évoluent sur une mise en scène de Jacques Verzier, la chanteuse Nathalie Joly,  la danseuse et comédienne Bénédicte Charpiat qui campe avec classe un personnage trouble au physique androgyne, la jeune bandonéoniste Carmela Delgado qui incarne avec charme une prostituée très novice, le pianiste chanteur Jean-Pierre Gesbert, le pompier chanteur Jacques Verzier.

Saluons tout particulièrement Nathalie Joly tant pour son interprétation vocale exceptionnelle que pour ses recherches musicologiques approfondies qui ont redonné vie à un patrimoine musical injustement oublié.

Un grand bravo à toute cette équipe qui a su faire de Café Polisson un véritable morceau d’anthologie.

Nadia Baji

 

Café Polisson

Spectacle de la Compagnie Marche la route
Conception et texte : Nathalie Joly
Mise en scène : Jacques Verzier

Chant : Nathalie Joly
Piano et trompette : Jean-Pierre Gesbert
Danse : Bénédicte Charpiat
Bandonéon : Carmela Delgado
Chant : Jacques Verzier

Décor et scénographie : Jean-Jacques Gernolle
Costumes : Claire Risterucci et Carmen Bagoë
Lumières : Carla Tome

 

Mis en ligne le 12 mars 2019