BRONX

Théâtre de Poche-Montparnasse
75 boulevard du Montparnasse
75006 Paris
Tél. 01 45 44 50 21

Jusqu’au 7 juillet 2019
du mardi au samedi à 21h,
le dimanche à 17h30

 

Bronx loupe Photo ©Brigitte Enguerand

Amérique des années 60’, New York, le « Little Italy in the Bronx ». Cologio a 9 ans, il est fils d’honnêtes et modestes travailleurs immigrés siciliens. Sa vie bascule lorsqu’un meurtre est commis devant ses yeux, en bas de son immeuble. Selon la police, qui l’interroge, il en est l’unique témoin, et il est alors amené à faire « quelque chose de bien pour quelqu’un de pas bien », comme dit son père. Ainsi, Cologio ne dénonce pas le coupable, qui n’est autre que le parrain de la mafia du quartier, le redouté et redoutable Sunny. Ce dernier prend l’enfant sous son aile, en dépit de la forte désapprobation du père. Les années passent très sereinement pour Cologio, qui grandit en menant, en quelque sorte, une double vie, entre, avec d’un côté l’école et sa famille rangée, et de l’autre côté la loi de la rue et l’argent facile d’un Sunny devenu son père d’adoption. Mais l’adolescent insouciant se mue en jeune homme amoureux, et finit par prendre conscience de cette dualité, par se rendre compte de la complexité de sa situation, par apprendre les leçons de sa vie.

Ce célèbre seul en scène, écrit et joué par Chazz Palminteri dans les années 80 est poignant, puisqu’empreint d’authenticité autobiographique. Robert de Niro ne s’y est pas trompé en le transformant en long métrage à succès mondial : « Il était une fois le Bronx ».

Quant à notre Francis Huster national, il a l’immense mérite de monter à nouveau sur scène pour nous raconter cette incroyable histoire en face, en vrai de vrai. Fidèle aux enjeux premiers de l’auteur, il transporte, il emporte tout son public dans un autre milieu, à une autre époque, mais où les sentiments portent les mêmes couleurs, où les mots ont le même poids qu’ici et maintenant. Oui, Francis a le talent, le grand art et la manière de faire ressentir à tous la force de chaque instant, de chaque souffle suspendu entre deux respirations. Il est bluffant de simplicité et de vérité.

Le décor est projeté, fluide, la musique coule de source, les ombres prennent vie. Écorché rebelle, sage observateur, en artiste averti, Steve Suissa s’exprime pleinement ici à travers sa judicieuse mise en scène, cousue sur mesure, enveloppante, moderne, à la hauteur de l’enjeu. Il se délecte visiblement à revenir aux sources, à ses premières amours : leçons de vie, enfance et transmission, fascination de la rue. L’interaction Huster – Suissa s’est largement prouvée gagnante au fil des ans, et la belle complicité entre les deux protagonistes ne date pas d’hier. C’est d’ailleurs ce même texte qui les a réunis avec succès en 2012.

Aujourd’hui encore, et plus que jamais, le public est subjugué, ensorcelé, frémit, retient sa respiration. Car Huster n’est pas que 18 personnages, il n’est pas qu’un enfant, qu’un gangster, qu’un voisinage, il est toute une rue… un quartier entier ! Il est le Bronx à lui tout seul. Magistral et sans fard. Mais comment fait-il ? Ah !... Francis préserve son secret de magicien de l’émotion…

Luana Kim

 

Bronx

De : Chazz Palminteri
Adaptation : Alexia Perimony
Mise en scène : Steve Suissa

Avec : Francis Huster

Décor : Jean Haas
Lumières : Jacques Rouveyrollis
Images : Gad Bensimon

 

Mis en ligne le 25 avril 2019