BERLIN 33

 

Théâtre de la Reine Blanche
2 bis Passage Ruelle
75018 Paris
Tél : 01 40 05 06 96

Jusqu’au 29 décembre 2019
mercredi-vendredi-dimanche à 19h
relâche exceptionnelle le dimanche 8 et le mercredi 25 décembre

 

Berlin 33 loupePhoto Nathalie Hervieux

 

« Je vivais dans la même apathie que des millions d’autres personnes, je laissais venir les choses. Elles sont venues. »
Sebastian Haffner

C’est en 1939, en exil en Angleterre, que Sebastian Haffner se décide à raconter comment le pouvoir nazi s’est glissé aux manettes de l’Allemagne année après année. Son récit commence en 1914 mais ce n’est ni un texte d’historien ni un texte d’écrivain, c’est un témoignage de l’intérieur sur vingt-cinq ans de la montée du nazisme. Une analyse fine et sensible du point de vue du peuple allemand, sur la manière dont Hitler réussit à museler tout esprit contraire à son pouvoir.

Mais Berlin 33 s’intéresse exclusivement à l’année 1933. Une année clef pour Adolf Hitler : en 3 mois, il accède au poste de chancelier, abroge les droits fondamentaux, démantèle l’opposition communiste après l’incendie du Reichstag, invente un ministère de la propagande, construit le premier camp de concentration : Dachau. Les mois qui suivent finissent d’imposer le pouvoir absolu du parti nazi sur l’Allemagne. Tout est en place pour que la folie d’un homme entraîne le peuple de tout un pays dans sa démence mortifère.

Le formidable intérêt de ce texte réside dans ce point de vue : celui d’un Allemand ordinaire subissant soudain toute cette spoliation de liberté, presque sans s’en rendre compte, mais surtout sans pouvoir l’empêcher. Car le projet d’Hitler « est une nouveauté dans l’histoire universelle. Il s’agit d’inoculer systématiquement à un peuple entier – le peuple allemand – un bacille qui fait agir ceux qu’il infecte comme des loups à l’égard de leurs semblables ou qui, autrement dit, déchaîne ces instincts sadiques que des millénaires de civilisation se sont efforcés d’éradiquer. » (extrait)

En un peu plus d’une heure, René Loyon incarne ce narrateur à la fois témoin et analyste de cette rampante et perverse inoculation mentale. Il apparaît dans une très belle sobriété dans une adresse directe, réfléchie, qui évite tout sentimentalisme pour laisser fuser tout la délicate intelligence de ce texte et son absence totale de manichéisme. Un simple citoyen de l’Allemagne des années 30 qui a subi la lente dégradation de son pays.

Sebastian Haffner était en 1939 un lanceur d’alerte pour les peuples libres de l’Europe et du monde de l’époque, Berlin 33 lance lui aussi une injonction pour tous les pays qui se tournent vers le populisme : on ne sait pas toujours ce qu’on vit, ni qui pense à notre place.

Bruno Fougniès

 

Berlin 33

D’après Histoire d’un Allemand – Souvenirs 1914-1933
De Sebastian Haffner
Un spectacle conçu par Laurence Campet, Olivia Kryger et René Loyon
Son : Hervé Le Dorlot
Lumières : Frédéric Gillmann

Jeu : René Loyon