JE SUIS UNE CHOSE QUI PENSE

Théâtre de la reine blanche
2 bis Passage Ruelle
75018 Paris
01 42 05 47 31

Jusqu’au 27 février
Du mardi au samedi à 18h30

 

Je suis une chose qui pense loupe 

 

Il fallait oser transposer Les méditations métaphysiques de Descartes au théâtre, et Cécile Falcon a le mérite de l’avoir fait, sans retenue et avec beaucoup de culot.

La force et l’audace du projet porté par Cécile Falcon et Xavier Maurel est littéralement, d’incarner un texte qu’on connaît (ou pas) pour l’avoir lu mais jamais pour l’avoir ainsi écouté ainsi porté sur scène, grâce à une diction remarquablement claire qui fait entendre ou redécouvrir la beauté de cette langue cartésienne si particulière avec sa syntaxe minutieusement ciselée comme de la poésie classique du grand siècle. Au philosophe en effet qui doute au point d’envisager la possibilité de sa propre folie, qui s’assure de sa propre existence mais qui s’interroge sur sa nature profonde, elle offre donc son corps. Sans fausse pudeur, elle le montre, elle le fait danser, elle le fait trembler dans ses hésitations comme dans ses moments de plénitude, bref elle le fait vivre. Et elle fait tout cela sans cliché, d’une façon qui n’est ni scolaire ni dogmatique, mais elle le fait d’une voix fluette, en nuisette que vient couvrir un élégant manteau rouge qui tient lieu de la robe de chambre du philosophe cherchant la chaleur près de son poêle au moment où il rédigeait son ouvrage.

Allant et venant au milieu de panneaux qui formeraient comme une cage aux fauves s’ils n’étaient translucides, la comédienne joue de toute sa sensualité pour livrer une étonnante performance visuelle à la fois troublante et philosophique, troublante parce que philosophique, autrement philosophique donc authentiquement philosophique. On est moins convaincu par les ponctuations dansées et par certains choix musicaux qui semblent valoir plus par les titres des morceaux (Who Will Take My Dreams Away de Marianne Faithfull, La Vérité des choses de Françoise Hardy et Fou, peut-être de Julien Clerc) que par les chansons elles-mêmes. Mais l’essentiel est ailleurs : c’est un spectacle qui réussit à accomplir sur le plateau ce qui n’a cessé d’intriguer le philosophe toute sa vie, à savoir la subtile union de l’âme et du corps.

Frédéric Manzini

 

Je suis une chose qui pense

D’après les Méditations métaphysiques de René Descartes
Mise en scène : Xavier Maurel
Chorégraphie : Caroline Marcadé
Scénographie et création vidéo : Véronique Caye
Lumière : Xavier Guille

Avec : Cécile Falcon

 

 

Mis en ligne le 20 février 2016